Comment la Nupes veut défier le pouvoir
Obtenir la taxation des superprofits et relancer la contestation de la politique du gouvernement : tel est le programme à venir.
dans l’hebdo N° 1721 Acheter ce numéro
Imposer au gouvernement les changements nécessaires. C’est, en cette rentrée, l’objectif très partagé des forces politiques de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Toutes entendent bien remettre sur la table l’idée d’une taxation des superprofits des entreprises de l’énergie et du transport maritime, rejetée par les députés macroniens, mais aussi par Les Républicains. Or une telle taxe existe désormais au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne.
Début août, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé « tous les gouvernements à taxer ces profits excessifs [des compagnies pétrolières et gazières] et à utiliser ces fonds pour soutenir les plus vulnérables en ces temps difficiles ». Dès le début de la guerre en Ukraine, la Commission européenne avait d’ailleurs autorisé ses États membres à taxer les profits exceptionnels pour financer des mesures de soutien aux populations.
La France insoumise (LFI) a donc lancé, vendredi 26 août, depuis son université d’été, une pétition sur un site dédié pour demander « que soit votée dans les plus brefs délais une loi de taxation des superprofits des multinationales ». Avec force tracts et affiches pour populariser cette « mesure de justice » au moment où l’inflation impacte rudement le pouvoir d’achat des salariés, alors que les versements de dividendes des entreprises du CAC 40 battent des records.
Le même jour, sur RTL, le socialiste Olivier Faure annonçait vouloir « qu’il y ait un référendum d’initiative partagée » pour « forcer le président de la République à aller vers cette taxation des superprofits ». Une suggestion faite à ses alliés et favorablement accueillie par Jean-Luc Mélenchon, qui a jugé l’idée « bienvenue ». « Elle va dans le sens de ce que nous-mêmes essayons de faire avec notre pétition », a-t-il déclaré dimanche devant ses militants et sympathisants réunis à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme).
Initiatives communes entre syndicats, associations et forces politiques
Cette procédure, introduite par la réforme de la Constitution de 2008, doit être enclenchée par au moins un cinquième des députés et sénateurs – la Nupes dispose d’un nombre suffisant – mais doit ensuite réunir les signatures de 10 % du corps électoral (4,7 millions). Une barre sur laquelle a buté la demande de référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris. Prêt à relever le défi pour « montrer [la] capacité au combat et à l’organisation » de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon assure que « tous les insoumises et les insoumis de France, partout, se mettront au travail pour rassembler » les signatures nécessaires.
Signe du nouveau climat qui règne entre le mouvement social et les partis de gauche depuis la création de la Nupes, des organisations syndicales (CGT, Solidaires, FSU, Unef, Alternative), des associations (Attac, Convergence services publics, Mouvement pour une alternative non-violente, Oxfam) et les forces politiques de la Nupes avec le NPA ont annoncé parallèlement dans un communiqué commun avoir « décidé d’entamer des échanges afin de construire ensemble un processus de mobilisation populaire pour mettre en échec la politique sociale et climatique menée par le gouvernement et pour imposer les changements nécessaires ».
Si les forces politiques y réitèrent leur volonté de s’associer aux mobilisations syndicales des 22 et 29 septembre, les signataires annoncent qu’ils se reverront le 12 septembre, au lendemain de la Fête de l’Humanité, où toutes les organisations de gauche auront leur stand, « pour décider ensemble d’éventuelles initiatives communes ». Il y sera notamment question de la marche contre la vie chère que LFI a proposé d’organiser mi-octobre.
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