« Found light » de Laura Veirs : déclaration d’indépendance

Laura Veirs chante les cicatrices de la vie. D’une voix lumineuse qui évite tout effet dramatique.

Jacques Vincent  • 7 septembre 2022 abonné·es
« Found light » de Laura Veirs : déclaration d’indépendance
© Photo : Shelby Brakken.

Le douzième album de Laura Veirs s’intitule Found Light (Trouvé la lumière) et à son écoute on pense moins à une tardive révélation qu’à cette phrase de Leonard Cohen dans le morceau « Anthem » : « Il y a une fêlure dans chaque chose / C’est comme cela qu’entre la lumière. »

Found Light, Laura Veirs, Bella Union/Pias.

On ne peut s’empêcher non plus de penser à un épisode de la vie de la chanteuse, son récent divorce avec le producteur Tucker Martine, avec lequel elle vivait depuis vingt ans et auquel elle confiait la production de ses disques depuis cette date.

Son album précédent My Echo, en 2020, était largement marqué par cet événement. Found Light est manifestement celui de son dépassement, symbolisé par le fait qu’elle le coproduit avec Shahzad Ismaily – l’autre grand artisan de ce disque qui joue de nombreux instruments sur la plupart des morceaux – et résumé par cette phrase de « Winter Windows », intentionnellement placée en toute fin de disque : « Maintenant l’éclair que je peux produire / Ne tient qu’à moi. » Ce qui sonne comme une victoire et une déclaration d’indépendance.

« Les pieds dans la rue, les poings dans le ciel »

© Politis

Il ne faudrait pas pour autant voir Laura Veirs dans une constante introspection. Ainsi dans « My Lantern » évoque-t-elle sa participation au Wall of Moms, ce mouvement parti de Portland, en Oregon, là où elle habite, qui a rassemblé des mères protestant contre les violences policières observées pendant les manifestations organisées à la suite de la mort de George Floyd, tué par la police à Minneapolis en mai 2020. Deux vers en forme de slogan résument la chanson : « Les pieds dans la rue / Les poings dans le ciel ».

Musicalement, ce sont les arpèges des cordes de sa guitare (en nylon, la précision a son importance pour le son produit) qui constituent la colonne vertébrale des compositions. Les autres instruments convoqués au fil des compositions viennent délicatement s’y ajouter. Piano, percussions, saxophone, synthétiseurs… Ils forment comme un baume venu panser les plaies et autres égratignures de l’âme évoquées dans les textes, ces vers que leur auteure juge « clairsemés et prudents » et qui disent la fragilité et la vulnérabilité des êtres.

Attentifs à ne jamais encombrer l’espace, ils agissent par touches délicates et créent comme une brume légère ou un voile qui enrobe les chansons, une matière que le magazine Pitchfork a joliment décrite ainsi : « moitié cristal, moitié fumée ». L’accompagnement idéal pour la voix douce et limpide de Laura Veirs.

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Musique
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