Guerre en Ukraine : Poutine en mauvaise posture
De la contre-attaque ukranienne autour de Kharkiv à la lassitude de l’opinion publique russe, les revers s’accumulent pour le chef du Kremlin, de plus en plus contesté.
dans l’hebdo N° 1724 Acheter ce numéro
Depuis leur contre-attaque du 6 septembre, les forces ukrainiennes ont reconquis plus de 3 000 kilomètres carrés autour de Kharkiv et au nord-ouest de la Crimée annexée. Cette progression s’accompagne de la découverte des atrocités commises par l’armée d’occupation russe, notamment d’une fosse commune où gisent environ 450 cadavres, près de la ville d’Izioum.
Alors que des dizaines de milliers de soldats russes sont morts sur le front, l’enrôlement de nouveaux combattants volontaires, malgré des soldes mirobolantes, suscite peu d’engouement. Aussi l’armée et les groupes de mercenaires comme Wagner recrutent-ils désormais dans les prisons et les colonies pénitentiaires en promettant des remises de peine aux détenus.
Si l’information du charnier d’Izioum n’a certainement pas filtré en Russie, ni le recul du front, ni les scènes de débandade, pas plus que l’ampleur des pertes humaines, l’opinion publique semble néanmoins se lasser de l’« opération militaire spéciale en Ukraine », censée au départ ne durer que trois jours… puis quelques semaines.
Prudence chinoise
À tel point que des élus locaux de Saint-Pétersbourg et Moscou ont, avec courage, adressé à la Douma (chambre basse du Parlement) et à Vladimir Poutine lui-même des missives lui enjoignant de quitter le pouvoir, considérant qu’il avait failli à sa mission de protéger le pays, son peuple et son économie. Ces initiatives, non sans risques pour leurs auteurs, pourtant très liés au pouvoir, laissent supposer un fort sentiment de défiance à l’égard du Kremlin, jusque dans certains cercles nationalistes d’ordinaire indéfectibles.
Ces signes ne font évidemment pas renoncer Poutine qui, face aux sanctions économiques occidentales, essaie de rassembler ses alliés potentiels. Mais le président chinois, Xi Jinping, tentant de se poser en leader du camp anti-occidental, est resté extrêmement prudent lors de leur rencontre en Ouzbékistan, le 16 septembre. Non sans imposer ses propres conditions économiques dans ses échanges avec une Russie contrainte de s’y soumettre. Poutine, en mauvaise posture ?
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