Ouïgours : le rapport de l’ONU publié in extremis
Michelle Bachelet a présenté, juste avant la fin de son mandat, un texte qui dénonce la répression chinoise. Un retard très critiqué.
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Treize minutes avant la fin de son mandat, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a finalement trouvé le courage de publier son rapport sur la répression des Ouïgours dans la province chinoise du Xinjiang. Le texte est sans appel : « L’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de Ouïgours et de membres d’autres groupes essentiellement musulmans […] peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité. »
Si l’ONU ne reprend pas à son compte le terme de « génocide » utilisé par certains États pour qualifier la répression de cette minorité musulmane, elle dénonce tout de même un « schéma de détention arbitraire à grande échelle » et juge les accusations de tortures « crédibles ». Toutefois, ses conclusions sont éclipsées par la perpétuelle prudence de l’organisation sur ce sujet.
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Le retard inexcusable dans la publication de ce rapport entache le bilan du haut-commissariat aux droits de l’homme.
Fin mai, Michelle Bachelet avait effectué une visite remarquée en Chine. Première responsable onusienne des droits humains à se rendre dans le pays depuis 2005, elle avait été critiquée pour ses réticences à aborder la question des Ouïgours. Après un bref passage de deux jours dans le Xinjiang, face aux médias du monde entier, elle avait déclaré que l’objectif de sa venue n’était pas d’« enquêter » mais d’échanger sur les droits humains avec les responsables chinois.
Selon Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, ONG qui a dénoncé la situation des Ouïgours dans plusieurs rapports, « le retard inexcusable dans la publication de ce rapport entache le bilan du haut-commissariat aux droits de l’homme, mais cela ne doit pas détourner l’attention de son importance ».
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