Ouïgours : le rapport de l’ONU publié in extremis

Michelle Bachelet a présenté, juste avant la fin de son mandat, un texte qui dénonce la répression chinoise. Un retard très critiqué.

Rose-Amélie Bécel  • 7 septembre 2022
Partager :
Ouïgours : le rapport de l’ONU publié in extremis
Michelle Bachelet, lors de sa dernière conférence de presse à l'ONU, le 25 août 2022.
© Photo : Fabrice COFFRINI / AFP.

Treize minutes avant la fin de son mandat, la haut-­commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a finalement trouvé le courage de publier son rapport sur la répression des Ouïgours dans la province chinoise du Xinjiang. Le texte est sans appel : « L’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de Ouïgours et de membres d’autres groupes essentiellement musulmans […] peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité. »

Si l’ONU ne reprend pas à son compte le terme de « génocide » utilisé par certains États pour qualifier la répression de cette minorité musulmane, elle dénonce tout de même un « schéma de détention arbitraire à grande échelle » et juge les accusations de tortures « crédibles ». Toutefois, ses conclusions sont éclipsées par la perpétuelle prudence de l’organisation sur ce sujet.

Lire aussi > Ouïgours en Chine : alerte génocide

Le retard inexcusable dans la publication de ce rapport entache le bilan du haut-commissariat aux droits de l’homme.

Fin mai, Michelle Bachelet avait effectué une visite remarquée en Chine. Première responsable onusienne des droits humains à se rendre dans le pays depuis 2005, elle avait été critiquée pour ses réticences à aborder la question des Ouïgours. Après un bref passage de deux jours dans le Xinjiang, face aux médias du monde entier, elle avait déclaré que l’objectif de sa venue n’était pas d’« enquêter » mais d’échanger sur les droits humains avec les responsables chinois.

Selon Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, ONG qui a dénoncé la situation des ­Ouïgours dans plusieurs rapports« le retard inexcusable dans la publication de ce rapport entache le bilan du haut-commissariat aux droits de l’homme, mais cela ne doit pas détourner l’attention de son importance ».

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille