« Qui sait » de Pauline Delabroy-Allard : intimes inconnus
Dans son deuxième roman , Pauline Delabroy-Allard enquête sur ses origines et le pouvoir de la littérature.
dans l’hebdo N° 1723 Acheter ce numéro
En 2018, Pauline Delabroy-Allard faisait une entrée remarquée en littérature avec Ça raconte Sarah (Minuit). Récompensé par de nombreux prix, ce livre décrit une passion destructrice entre deux femmes.
Qui sait, Pauline Delabroy-Allard, Gallimard, 204 pages, 19,50 euros.
L’instabilité, le doute de Pauline sont exposés dès le seuil du récit, où cette dernière se met en scène dans une mairie parisienne pour y demander sa première carte d’identité. Elle a 30 ans et, apprend-on bientôt, est enceinte d’une petite fille qu’elle attend avec sa compagne, après avoir subi les épreuves d’une procréation médicalement assistée. Lors de cette démarche administrative étonnamment tardive, elle se retrouve face à trois inconnus qui l’habitent : Jeanne, Ysé, Jérôme. Que font ces trois prénoms accolés au sien sur son document d’identité ?
Si l’évolution de l’enquête est parfois trop attendue, la phrase déliée et vivante de Pauline Delabroy-Allard déjoue les évidences.
L’enquête qu’elle entame, atteinte par la mort de son enfant à la naissance, mène d’abord Pauline sur les traces de la femme ayant abandonné sa grand-mère. Au détour d’une conversation de famille, elle apprend l’existence d’un grand ami de sa mère, homosexuel, décédé du sida, puis entre dans l’intimité amoureuse compliquée d’un personnage du Partage de Midi de Paul Claudel.
La découverte de ces Autres qui la constituent fait de la Pauline de Qui sait un être non pas complet, mais à l’intranquillité assumée. Si l’évolution de l’enquête est parfois trop attendue, la phrase déliée et vivante de Pauline Delabroy-Allard déjoue les évidences. Elle maintient d’autant plus la curiosité que les enjeux de l’écriture sont au cœur des interrogations de l’autrice.