Santé : privés de téléconsultations, pas de déserts
Le gouvernement annonce la fin des arrêts de travail en téléconsultation délivrés par un médecin qui n’est pas traitant. Alors que les inégalités en matière d’accès aux soins se creusent de plus en plus.
dans l’hebdo N° 1725 Acheter ce numéro
Clap de fin pour le remboursement des arrêts de travail obtenus en téléconsultation, lorsque ce n’est pas avec son médecin traitant ? C’est ce qu’a annoncé Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, dans un entretien publié dans Le Journal du Dimanche le 25 septembre 2022.
Une annonce qui n’a pas manqué de provoquer l’indignation de l’opposition, mais aussi parmi citoyens et médecins, alors qu’il est de plus en plus compliqué de trouver un généraliste, particulièrement dans les déserts médicaux. En 2020, d’après l’Assurance-maladie, 5,4 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant, malgré une recherche active pour la moitié d’entre eux, donc faute de soignants disponibles.
Pour le gouvernement, soutenu par des syndicats de médecins et même par l’Assurance-maladie, le but est « d’éviter que certains enchaînent les consultations en ligne jusqu’à trouver celui qui voudra bien leur délivrer un arrêt maladie ». Les téléconsultations de généralistes ont explosé avec la pandémie. En pleine crise sanitaire, le gouvernement avait annoncé leur prise en charge intégrale par la Sécu.
Le nombre de généralistes en baisse
Cette mesure prendra donc fin prochainement, d’après le ministre, alors que les contaminations repartent à la hausse. Pourtant, dans une campagne du ministère de la Santé, ce dernier recommandait de prendre un rendez-vous en téléconsultation plutôt que de se rendre aux urgences, afin de limiter les tensions dans ces services, dont nombre ferment sporadiquement… faute de médecins.
Le gouvernement n’a en revanche rien annoncé pour pallier le manque de soignants dans les déserts médicaux grandissants.
Le gouvernement n’a en revanche rien annoncé pour pallier le manque de soignants dans les déserts médicaux grandissants, pas plus que pour lutter contre les inégalités d’accès aux soins. Dans son dernier rapport, publié le 21 septembre, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) affirme pourtant que les inégalités sociales et territoriales en matière de santé ne s’améliorent pas. Le nombre de généralistes diminue – -1 % par an –, et un tiers ont plus de 60 ans, laissant présager une augmentation des patients sans médecin traitant dans un proche avenir.
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