« Écho » : Ovide façon queer
Vanasay Khamphommala revisite le mythe d’Écho et Narcisse en bousculant les genres.
dans l’hebdo N° 1726 Acheter ce numéro
Pour explorer les Métamorphoses d’Ovide, Vanasay Khamphommala commence par son corps.
Écho, du 4 au 7 octobre au Théâtre Olympia, Tours ; du 18 au 22 octobre au TnBA, Bordeaux ; les 6 et 7 décembre à la Halle aux grains, Blois ; les 13 et 14 décembre à la MCA, Amiens.
Dans Écho, elle raconte, nue, laissant voir son sexe d’homme, un chagrin d’amour qui l’a dévastée. Ce faisant, elle invite en elle le personnage éponyme de sa pièce, mort de n’avoir exprimé son amour pour Narcisse. Vanasay Khamphommala se laisse transformer par Écho, tout en cherchant à changer ce personnage mythologique qu’elle décrit comme une « figure incontournable du désespoir amoureux, sœur symbolique de Cléopâtre, Didon, Phèdre, -Traviata ».
Personnalités singulières
Fidèle à son goût du rituel, l’artiste fait appel à des collaborateurs d’horizons divers pour en mettre un au point. Plusieurs étaient de sa précédente création : la performeuse britannique d’origine afro-caribéenne Caritia Abell, le musicien et compositeur Gérald Kurdian, le performeur Théophile Dubus.
Censée mettre un terme au chagrin de la nymphe, la bouleversante cérémonie d’Écho leur fait rencontrer de nouvelles personnalités singulières : la comédienne et chanteuse Natalie Dessay, le comédien Pierre-François Doireau et le philosophe Paul B. Preciado, dont le regard politique sur le corps est cher à Vanasay Khamphommala.
Dans la dimension queer d’Écho, l’artiste-nymphe rassembleuse va plus loin que le dépassement de la binarité homme-femme. En se faisant enterrer par ses interprètes et en restant sous son tas de terre pailletée pendant une heure, elle remet aussi en question les hiérarchies habituelles du théâtre. Où va le théâtre sans metteur en scène ? Où va l’amour sans ses chagrins ?