« Un bon début » d’Agnès et Xabi Molia : classe réparatoire
Un film fort contre le fatalisme de nos sociétés envers les élèves en grande difficulté.
dans l’hebdo N° 1727 Acheter ce numéro
Le film pourrait s’appeler Entre les murs. Mais nous ne sommes pas dans une classe ordinaire. Il existe à Grenoble, au sein d’un collège, une classe de troisième qui ne ressemble à aucune autre : elle est vouée aux cas désespérés !
Un bon début, Agnès et Xabi Molia, 1 h 39.
Cette classe est pionnière en France, comme le dispositif dans lequel elle s’inscrit, Starter, lancé il y a dix ans par un enseignant, Antoine Gentil. Il reçoit au début de l’année scolaire quinze garçons et filles qu’il va mener, avec son équipe, jusqu’au brevet, en leur faisant accomplir chemin faisant quelques stages en entreprise. Cette année-là, celle où Agnès et Xabi Molia ont installé leur caméra dans la classe, Starter accueillait Melinda, Nels, Tamara, Albina…
Ce qui est très appréciable, c’est qu’Antoine Gentil n’est pas filmé comme un héros éducatif ou un être mû par la compassion – ce qu’il n’est pas. Il met sa compétence, qui lie pédagogie et psychologie, au service de son humanité, qui s’exprime chez lui de manière tranquille et naturelle.
Ces élèves souffrent d’une immense détérioration de leur propre image.
Il n’y a pas non plus de démagogie – il dit fermement aux élèves ce qui ne va pas dans leur comportement – mais il croit dans ces filles et ces garçons comme on a foi en l’humain. Avant toute chose, Antoine Gentil et son équipe leur redonnent confiance en eux. Parce qu’ils souffrent d’une immense détérioration de leur propre image.
En retour, la parole des adultes leur est de nouveau crédible. Les parents sont également associés au processus, qui représente pour eux le dernier espoir de voir leur enfant s’apaiser et de renouer avec eux des liens plus étroits.
Un bon début est l’un des films les plus forts qu’on ait vus contre le fatalisme de nos sociétés envers les « irrécupérables ».