Cling, cling, clong, clong, clong !
Foin de la « République exemplaire » promise, le tapage des casseroles judiciaires est devenu la bande-son du macronisme.
dans l’hebdo N° 1734 Acheter ce numéro
En 2017, Emmanuel Macron, candidat à la chefferie de l’État français, l’avait promis (exactement comme, avant lui, Nicolas Sarkozy avait garanti qu’elle serait « irréprochable ») : la République, présidée par lui, serait en tout point « exemplaire ».
Au mois de mars de cette année-là – juste avant le premier tour de l’élection présidentielle –, Macron avait gravement déclamé cette tirade bouleversante qui vaut d’être aujourd’hui intégralement restituée : « La justice est évidemment au cœur du projet que nous portons, parce que l’indécence, les privilèges n’ont que trop duré, et nous voulons les mêmes règles pour tous, quels que soient les statuts. Nous voulons des dirigeants responsables, exemplaires, et qui rendent des comptes. »
What big muscles you have !
Cinq ans (et quelques) plus tard, qu’en est-il de cette si magnifique promesse ? L’intéressant est que nous n’avons pas même besoin, pour le vérifier, de remonter aux premiers temps de son premier quinquennat, quand Emmanuel Macron, devenu chef de cet État dont il avait donc assuré qu’il serait en tout point « exemplaire », avait soutenu l’un de ses partisans, président de l’Assemblée nationale, en dépit de la mise en cause de l’intéressé dans une sombre affaire de mutuelle bretonne. Ou quand il a maintenu dans ses fonctions, après lui avoir parlé « d’homme à homme (1) », un ministre d’État visé par une plainte pour viol.
Le Monde, 24 novembre 2022.
L’intéressant est que, pour prendre la mesure exacte de l’exemplarité promise par Emmanuel Macron, il nous suffit de nous pencher par la fenêtre pour constater, petit un, que son ministre de la Justice et garde des Sceaux a été renvoyé en procès par la Cour de justice de la République pour « prises illégales d’intérêts ». Petit deux, que son plus proche conseiller, le secrétaire général de l’Élysée, est mis en examen pour « prise illégale d’intérêts ». Et petit trois, pour finir, que le Parquet national financier vient d’ouvrir, pour des chefs de « tenue non conforme de comptes de campagne », de « minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne » et de « favoritisme et recel de favoritisme », deux informations judiciaires sur le rôle joué notamment par le cabinet de conseil McKinsey dans les deux campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron himself (2).
Lequel a presque immédiatement réagi – avec le même ahurissant aplomb droitier qui lui a naguère fait protester, entre deux gavages de possédant·es, qu’il n’était nullement le « président des riches » – en déclarant très sérieusement : « Je crois que le cœur de l’enquête n’est pas votre serviteur. »
Penché·es toujours à la fenêtre, tendons un peu l’oreille. Ce tintamarre, que nous oyons au (pas si) loin ? Ce « cling, cling, clong, clong, clong, clong, cling » – ce tapage de casseroles judiciaires dont nous devrions pleinement et vitement réaliser qu’il est de fait devenu le bruit de fond de notre quotidien ? C’est, désormais, la bande-son du macronisme.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.
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