Génération·s en pince pour la Nupes

Engagé depuis deux ans dans le Pôle écologiste, le parti fondé par Benoît Hamon, sans renoncer à ce partenariat privilégié, ne voit d’avenir que dans cette coalition unitaire née avant les législatives.

Michel Soudais  • 22 novembre 2022 abonnés
Génération·s en pince pour la Nupes
© Léa Filoche et Arash Saeidi. (Photo : Michel Soudais.)

Les formations membres de la Nupes ne se limitent pas aux quatre groupes politiques de l’Assemblée nationale. Ce serait oublier le Petit Poucet de la bande.

Le mouvement Génération·s, qui compte quatre députés dans le groupe écologiste, l’a rappelé dimanche, en clôture d’une « convention » – appellation retenue pour son congrès – à Montreuil (Seine-Saint-Denis), en organisant une table ronde sur l’avenir de la Nupes avec des représentants de La France insoumise (LFI), d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), du Parti socialiste (PS) et du Parti communiste (PCF).

Auparavant, les militants du mouvement fondé par Benoît Hamon en 2017, réunis depuis la veille, avaient adopté de nouveaux statuts et débattu sur un texte unique qui envisage tout à la fois une refondation de Génération·s par le biais de nouvelles procédures, afin d’affirmer son projet de société et de prendre part à la bataille culturelle, et la nécessité d’un « dépassement » dans une grande force écologique et sociale.

Ils ont désigné pour cela une nouvelle direction : ses deux cocoordinateurs, Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian, désormais députés, cèdent la place à Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris, et Arash Saeidi, élu municipal à Angers et conseiller régional des Pays de la Loire. Ils seront épaulés par deux adjoints : Francis Poézévara, conseiller municipal à Puteaux (Hauts-de-Seine), et Capucine Edou, qui était déjà porte-parole nationale et référente du mouvement à Marseille.

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Léa Filoche et Arash Saeidi succèdent à Sophie Taillé-Polian et Benjamin Lucas. (Photo : Michel Soudais.)

« Notre convention marque une nouvelle orientation dans un nouveau paysage politique », a résumé cette dernière en introduisant la table ronde « Nupes, la suite ? ». La coalition « a permis d’avoir à l’Assemblée 150 députés qui portent les couleurs de la gauche et de l’écologie, et de mener des combats communs ». Mais dans un contexte marqué par la poussée de l’extrême droite, « en capacité de prendre le pouvoir en 2027 »… Une menace qui motive l’interrogation du moment : comment conforter la Nupes jusqu’à la victoire ?

Faut-il, pour « renforcer la dynamique unitaire », ainsi que le suggère Laurent Baumel (PS), « rester concentré sur l’essentiel, la crise de l’énergie, la vie chère… » ? « Mener des campagnes communes à la France des métropoles et à celle des campagnes », comme y invite Ian Brossat (PCF) ? « La Nupes se vérifiera par la pratique », dont la « capacité à mener des combats concrets au quotidien », note Manon Aubry (LFI), qui évoque les retraites.

« Laisser le double langage à la Macronie et à l’extrême droite », enjoint Karima Delli (EELV), dépitée qu’après avoir « fait la Nupes avant la Nupes dans les Hauts-de-France » aux régionales, les élus de la liste qu’elle conduisait se soient scindés en deux groupes, PS-PCF et EELV-LFI.

« Union, union, union »

Mais quand Manon Aubry, coprésidente du groupe GUE/NGL au Parlement européen, défend l’idée d’une « liste commune aux européennes » de 2024, approuvée par Génération·s, la même en récuse la perspective, invoquant l’engagement fédéraliste européen de son parti. « Notre feuille de pouvoir, ce n’est pas un calendrier électoral, c’est de gagner des luttes » en lien avec « le quotidien des gens : se déplacer, manger, se loger », plaide Karima Delli, jugeant les municipales de 2026 « plus importantes » pour espérer l’emporter en 2027.

« Nous n’avons jamais balayé l’idée d’un rassemblement, assure Ian Brossat, mais pour que l’union soit crédible, il faut qu’elle repose sur des propositions concrètes. » En proposant d’en « explorer la possibilité », la contribution du PS au congrès ne fermera pas la porte à une liste commune, confie Laurent Baumel en jugeant nécessaire que « l’orientation Nupes soit consolidée dans chaque formation » en 2023.

« Chez nous, l’idée de la Nupes est globalement acquise », conclut Léa Filoche. La nouvelle cocoordinatrice est « fière que Génération·s soit la première formation de la Nupes à tenir un congrès » et « espère que ça influencera les autres et continuera de donner le ton de la gauche : union, union, union ».

Plus tôt, Manon Aubry avait rappelé le « rôle pivot » joué par Génération·s à l’ouverture des discussions qui allaient conduire à la création de la Nupes en signant le « premier communiqué [qui] a été un modèle pour les autres ».

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