« Kel Tinariwen » : perles des sables

Collectif musical fluctuant, originaire d’une région située entre le nord du Mali et le sud de l’Algérie, Tinariwen conjugue musique traditionnelle touareg, blues et rock pour générer des compositions entêtantes, souvent empreintes de spleen mais toujours porteuses d’espérance et pleines de vie.

Entré en jeu dans les années 1980, intimement lié à la rébellion touareg de la première moitié des années 1990, le groupe a acquis une aura internationale à partir de la décennie suivante, grâce en particulier aux albums Aman Iman (2007) et Imidiwan : Companions (2009), mais jouissait déjà d’une grande popularité en Afrique du Nord.

Aujourd’hui, on voit en lui le précurseur iconique du « blues du désert », style hybride désormais largement répandu – Imarhan et Tamikrest en sont deux autres représentants.

Fraîcheur inaltérable

Un pan méconnu du parcours de Tinariwen se révèle à présent via l’exhumation de Kel Tinariwen, album inaugural enregistré en 1991, à Abidjan (Côte d’Ivoire), sous l’impulsion de Keltoum Sennhauser, artiste malienne pluridisciplinaire – poétesse, plasticienne et autrice-compositrice-interprète – très engagée pour la cause touareg.

On y (re)découvre huit chansons qui sonnent de manière à la fois familière et surprenante. En effet, si certains éléments (entrelacs serpentins de guitares, alternance ou chevauchement des voix, groove lancinant) sont emblématiques de l’univers sonore du groupe, d’autres (claviers, boîtes à rythmes) s’avèrent plus inattendus, presque incongrus.

Inclinant ainsi parfois vers le raï, voire la pop synthétique, l’album – sorti en 1992, en cassette, dans un périmètre restreint de diffusion – a un rendu brut, dynamique et entraînant. Très inscrit dans son époque, il a traversé le temps sans dommages et apparaît d’une fraîcheur inaltérable.