La fabrique du « tous pourris »
dans l’hebdo N° 1734 Acheter ce numéro
Une information exclusive peut s’avérer embarrassante. Jeudi 24 novembre, en début d’après-midi, Le Parisien révélait l’ouverture par le Parquet national financier (PNF) d’une information judiciaire sur les comptes de campagne d’Emmanuel Macron. Un sacré scoop que le PNF confirmait dans la foulée, précisant dans un communiqué avoir ouvert deux enquêtes, les 20 et 21 octobre, visant les « conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 » – singulièrement le cabinet McKinsey. La première porte sur les chefs de « tenue non conforme de comptes de campagne » et « minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne ». La seconde sur des chefs de « favoritisme » et « recel de favoritisme ». Cette enquête, « la première à viser directement le président de la République, écrivaient nos confrères du Parisien, est sans aucun doute la plus sensible du moment ». Et même trop sensible pour un quotidien détenu par Bernard Arnault. Vendredi 25 novembre, l’information était absente de sa une et reléguée en page 16, à la rubrique « faits divers ». La veille, l’« affaire Quatennens » était épinglée en une et faisait l’ouverture des pages « politique ». Comble d’hypocrisie, quelques heures après s’être montré si discret sur son scoop, Le Parisien déplorait dans une newsletter à ses lecteurs que « les oppositions [aient] fait preuve d’une remarquable… discrétion ». Et d’expliquer leur silence par le fait que « tous les partis […] sont eux aussi sous le coup d’une enquête lancée par le PNF ». Tous mouillés, donc.
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