Le gouvernement s’acharne sur les chômeurs
Les détails de la réforme de l’assurance-chômage ont été présentés aux partenaires sociaux ce lundi matin. Sans surprise, le gouvernement restreint les droits des chômeurs en diminuant la durée d’indemnisation.
dans l’hebdo N° 1733 Acheter ce numéro
Plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé. » Voilà comment, depuis l’été, le gouvernement avec en tête le ministre du Travail, Olivier Dussopt, présentait sa nouvelle réforme annoncée de l’assurance-chômage. Les détails de celle-ci viennent d’être présentés aux partenaires sociaux. Et le ministre du Travail ne disait qu’à moitié vrai. « Plus stricte quand trop d’emploi sont non pourvus », oui clairement.
En dessous d’un taux de chômage de 9 % au sens du Bureau international du travail (BIT) en France métropolitaine ou si ce taux baisse consécutivement trois trimestres de suite, la durée d’indemnisation sera réduite de 25%, dès le 1er février 2023, avec un plancher de durée minimal à 6 mois.
Ainsi, un chômeur (excepté les intermittents du spectacle, marins, pêcheurs, dockers et les chômeurs en outre-mer) qui aurait aujourd’hui accès à 24 mois de droit à l’assurance chômage n’aura plus accès qu’à 18 mois de droit dès l’entrée en vigueur de la réforme.
En effet, avec un taux de chômage de 7,1 % dans l’Hexagone, la situation actuelle est considérée comme bonne. Ce qui implique, dans le modèle « contracyclique » du gouvernement de tailler les droits des chômeurs. Le raisonnement ? Si le marché du travail est dynamique et que des gens restent au chômage, c’est que ceux-ci profitent du système. Un raisonnement vivement contestable et contesté comme nous vous le racontions dans Politis en septembre.
Encore des économies sur le dos des chômeurs
Surtout, la deuxième partie de l’assertion du gouvernement – « plus généreuse quand le chômage est élevé » – est partie en fumée lors de la présentation de cette réforme. Car la « générosité » affichée du gouvernement n’est autre qu’un retour à la situation actuelle lorsque le taux de chômage dépassera de nouveau les 9 %. Or, le système actuel de l’assurance-chômage est loin d’être avantageux pour les chômeurs.
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Fin 2021, le gouvernement avait déjà drastiquement taillé dedans en allongeant la durée de travail nécessaire pour l’ouverture des droits, et en s’attaquant au calcul du salaire journalier de référence (SJR) et donc de l’allocation. Une première réforme qui permet à l’Unédic, en charge de l’assurance-chômage, de réaliser d’importantes économies.
Estimé à 2,5 milliards d’euros en 2021, l’excédent augmentera, selon les projections, à 3,1 milliards d’euros en 2023 et 4,2 milliards en 2024. Des économies sur le dos des chômeurs donc. Et comme ils ont bon dos, la nouvelle réforme va poursuivre dans cette voie avec plusieurs milliards d’euros d’économies annoncés. L’Unedic en prévoit au moins 4 !
Vivement critiqué par l’ensemble des organisations syndicales, ce nouveau tour de vis est en revanche applaudi par les représentants patronaux. Pour cause, il puise en effet son origine dans la grogne des patrons qui pestent, depuis plusieurs mois, de connaître des difficultés de recrutement.
Les secteurs concernés, l’hôtellerie, la restauration, le soin à domicile, sont souvent ceux où les conditions de travail sont les plus dures et les salaires les plus bas. Mais s’attaquer à l’un ou à l’autre de ces problèmes n’est décidément pas être à l’ordre du jour gouvernemental…
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