À la Roya, de l’accueil à la cueillette
En janvier sortira le livre de Cédric Herrou, Une terre commune, racontant une « utopie capable de résister », celle d’une communauté composée de réfugiés et de demandeurs d’asile installée dans une maison de Breil. Le photojournaliste Louis Witter est allé à sa rencontre.
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À paraître le 6 janvier 2023 : Cédric Herrou, Une terre commune, Seuil, 72 pages, 4,50 euros.
Ici, c’est le « CCH », le « Camping Cédric Herrou ». Entre 2015 et 2017, l’agriculteur y a hébergé des centaines d’exilés, perdus entre l’Italie et la France. Petit à petit, les gardes à vue s’enchaînent et « les gendarmes établissent domicile un peu partout autour de la ferme » pour observer les allées et venues. Cédric s’en souvient : « Il nous suffisait de siffler un peu fort et, en trois secondes, les spots d’éclairage des gendarmes pointaient dans notre direction. »
En 2017, l’agriculteur est poursuivi pour « aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière ». Les procès s’enchaînent. Lors d’une audience à Nice en 2017, il dit aux juges : « Je le fais parce qu’il faut le faire. » Le paysan assume, le préfet enrage. Finalement, il est relaxé des charges qui pesaient contre lui à l’issue de trois procès et d’une saisine du Conseil constitutionnel, en mars 2021. Le « principe de fraternité » était enfin reconnu.
Aujourd’hui, l’homme dont l’action avait été extrêmement médiatisée n’a pas changé, toujours en colère contre une situation qui perdure à la frontière franco-italienne. Mais de l’urgence, il est passé au long terme. Neuf adultes et quatre enfants habitent désormais « aux Tuileries », une maison du centre de Breil, achetée par Emmaüs Roya et retapée ces derniers mois. La communauté, composée de demandeurs d’asile et de réfugiés, travaille la terre. De la récolte des olives à la vente en direct des légumes de la ferme, regard sur une frontière accueillante, avec les photos de Louis Witter, parti à leur rencontre.