Qu’a la gauche à offrir au monde ?
À force de se regarder le nombril, de se compter et de se diviser, la gauche s’est choisi la gauche comme adversaire. Dans un monde qui se transforme, elle doit renouer avec les idées. Politis y contribuera.
dans l’hebdo N° 1736-1738 Acheter ce numéro
Il y a des débats qui fâchent. Et à gauche, ils sont nombreux. Parfois on les esquive. Parfois on les surestime. Voire on surjoue les divergences. Certains sont honnêtes. D’autres pas. Ces débats sont nécessaires. Ils pourraient même être utiles s’ils convergeaient vers un horizon commun. Un projet. Un idéal. Une utopie. Une vision commune. Où voulons-nous conduire la société ? Qu’ont la gauche et les écologistes à offrir au monde ?
Parce qu’après tout, ça n’est pas comme si la planète s’éteignait à petit feu. Comme si la moitié de l’humanité avait décidé de laisser crever l’autre moitié. Comme si l’extrême droite menaçait. Et les violences policières tuaient. Comme si notre électricité venait à manquer. Comme si la guerre frappait l’Europe. Et que l’Europe faisait la guerre.
Ça n’est pas non plus comme si les médicaments manquaient. Et les transports publics patinaient. Comme si 30 % de la population d’oiseaux avait disparu de France. Comme si les étudiant·es faisaient la queue pour obtenir des colis alimentaires. Comme si on jouait au foot sur des cimetières. Et vendait des armes pour massacrer les peuples. Comme si notre modèle social, notre retraite, notre droit à la formation et au chômage étaient attaqués. Comme si nos vieux étaient maltraités. Comme si des mineurs pouvaient être enfermés jusqu’à quatre-vingt-dix jours dans des centres de rétention. Comme si leurs parents dormaient dans des tentes – quand elles ne sont pas arrachées. Comme si près de 10 % de la population française vivait dans la précarité et la pauvreté – dont un tiers d’enfants.
La gauche a abandonné les classes populaires. Et les classes populaires ont déserté les urnes.
Ça n’est pas comme si notre président de la République avait décidé de mettre les ressources de l’État à la disposition, non pas du plus grand nombre, mais des puissants. Enfin, ça n’est pas comme si l’hôte de l’Élysée avait décidé de prendre des décisions seul, sans démocratie parlementaire. Sans démocratie sociale. À coups de 49.3. Comme si la Ve République, la démocratie, nos institutions, étaient à bout de souffle. Comme s’il y avait urgence…
À force de se regarder le nombril, de se compter et de se diviser, la gauche s’est choisi la gauche comme adversaire. Elle en a oublié l’essentiel. Ce pour quoi, et pour qui, elle fait de la politique. Faire de la politique : voilà une bien noble activité, que les représentant·es du peuple semblent avoir abandonnée. Macron le premier : il ne fait pas de politique, il gère. Il gère les portefeuilles des professionnels du ruissellement, à coups de tableurs Excel.
Mais la gauche n’est pas en reste. Elle compte. Différemment, mais elle compte. Peu importe la cohérence du projet et le message porté. Elle préférera toujours ajouter une virgule dans le texte là où le voisin aurait mis un point-virgule, voire un point final. Ce faisant, la gauche a abandonné les classes populaires. Et les classes populaires ont déserté les urnes.
Que retient-on des propositions des écologistes à l’occasion de leur congrès ? Les débats stratégiques ont dominé. Qu’avons-nous appris de la nouvelle organisation de La France insoumise ? Une absence de démocratie interne. Et rien de neuf sur le front des idées. Quelle social-démocratie à la veille du 80e congrès du PS ? En dehors du « Pour ou contre la Nupes ? », on peine à trouver un début de réponse.
La gauche a oublié de penser.
Enfin, le NPA se divise sur des enjeux stratégiques d’union et le PCF s’enferme dans des logiques identitaires. La gauche a oublié de penser. Or dans un monde qui se transforme, elle doit renouer avec les idées. Dans ce contexte, Politis va continuer de jouer son rôle. Un passeur d’idées. Un agitateur bienveillant, résolument critique et constructif, de toutes les gauches et de l’écologie.
Politis est un média indépendant et engagé où se mêlent et s’entremêlent le monde politique, des idées et de la création, des artistes et du mouvement social. Ce monde-là doit se retrouver pour réveiller l’espoir. Parce que rassemblés, la gauche et les écologistes, les artistes, les intellectuels, les élus, les syndicalistes et les militants associatifs ont tant à offrir au monde.
L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
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