35 ans !
Politis fête 35 années et quelque 1700 numéros de journalisme engagé, exigeant, combatif et indépendant. Et dans cette période difficile, votre hebdomadaire continuera à faire entendre sa voix.
dans l’hebdo N° 1742 Acheter ce numéro
« On ne compte plus ses dépôts de bilan, ses arrêts cardiaques, ses faire-part de décès suivis de relances aussi acrobatiques que désargentées. Politis existe encore, on l’a rencontré. » Ainsi débutait en 1999 un article de Libération, saluant la résilience de notre journal. Deux décennies et quelques plus tard, malgré les prévisions pessimistes, les tourmentes et les crises financières, Politis fête ses 35 ans. Avec une vigueur et un enthousiasme toujours renouvelés.
Trente-cinq années à témoigner du réel, à pratiquer un journalisme sans complaisance, poser les questions essentielles.
Plus de 1 700 numéros témoignent, dans nos archives, de cette vitalité, de ces années passées à faire vivre un journalisme engagé, exigeant, combatif et indépendant. Trente-cinq années à témoigner du réel, à pratiquer un journalisme sans complaisance, poser les questions essentielles, interroger les lames de fond de notre époque. À pointer avec courage là où ça fait mal. Politis fut le premier journal, en 1990, à oser titrer « Le Pen est un fasciste ».
Il a ouvert la voie aux prises de conscience sur les périls écologiques et sur l’enjeu de l’accueil des migrant·es. En avance sur les débats de son époque. Lucide et déterminé. La couverture de Politis de cette semaine s’inscrit dans cette histoire et dans notre combat pour l’indépendance de la presse.
Comment accepter la concentration de médias entre les mains de quelques-uns ? Comment rester sans réagir quand des chaînes dites « d’information » servent de rampe de lancement à un candidat condamné pour « provocation à la haine » ? Quand certains, avec un comportement de racailles, faisant de la stigmatisation et de la division leur fonds de commerce, accompagnent et propulsent tranquillement l’extrême droite vers le pouvoir ? Quand les gesticulations obscènes d’éditocrates ou d’animateurs télé hystérisent le débat public ? Cette mise à mal de notre démocratie doit nous alerter. Toujours. Chaque jour.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron déroule son projet. Comment un président réélu pour faire barrage à l’extrême droite, sans adhésion majoritaire à son projet, utilisant le 49.3 à tour de bras faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, peut-il s’acharner à forcer une réforme des retraites, aussi structurante pour nos vies, aussi délétère pour les plus précaires, à rebours de l’histoire des progrès sociaux, alors qu’aucun impératif économique valable ne le justifie ? Comment s’exprimera demain le ressentiment de celles et ceux qui s’estiment aujourd’hui lésé·es, méprisé·es par cette arnaque, et par les méthodes employées pour la faire valider au pas de course ?
Emmanuel Macron entend, seul contre tous, imposer un projet de société qui n’a de sens que pour les plus privilégiés. En asphyxiant la contestation politique et en anesthésiant les mécontentements. À coups de matraques ou de 49.3, c’est une nouvelle société qui se dessine. Celle où des mineurs peuvent être incarcérés dans des centres de rétention jusqu’à 90 jours pour ne pas être nés au bon endroit. Celle où des lycéens peuvent être fichés S parce qu’ils s’opposent à cette société qu’on leur construit. Celle où l’on qualifie d’écoterroriste toute personne qui se bat pour que les générations futures aient une vie décente, un air à respirer, des territoires où habiter, une planète vivable.
Peut-être serons-nous, parfois, le journal des causes perdues. Des batailles impossibles. Nous serons surtout celui des combats nécessaires.
Il faut sans cesse rappeler les chiffres, qui disent l’ampleur de nos reculs démocratiques. En commençant par les gilets jaunes, premiers sacrifiés, les 30 éborgnés, les plus de 8 000 gardés à vue, les 2 000 procès. Les militants de Bure ou de Briançon, en prison pour s’être opposés au méga projet d’enfouissement des déchets nucléaires ou parce qu’ils ne sont pas restés indifférents au sort de leurs frères exilés.
Quelle sera la prochaine étape ? « Après avoir crevé les yeux, il éteignit les caméras », affichait une pancarte lors d’une manifestation contre la loi Sécurité globale de 2021, qui voulait museler toute contestation citoyenne et travail journalistique. Dans cette période difficile, Politis continuera à faire entendre sa voix. Peut-être serons-nous, parfois, le journal des causes perdues. Des batailles impossibles. Nous serons surtout celui des combats nécessaires. Des indignations qui s’imposent. Et des résistances vitales.
L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don