Congrès du PCF : l’avenir du communisme municipal en question
TRIBUNE. En avril se tiendra à Marseille le 39e congrès du Parti communiste français. Six maires communistes publient aujourd’hui un appel sur Politis.fr pour soutenir le texte qui s’oppose à l’actuelle direction.
En avril prochain, les communistes seront réuni·es à Marseille pour leur 39e congrès. Du 27 au 29 janvier, les adhérent·es devront choisir une « base commune de discussion » en départageant les deux textes présentés au vote.
Parmi plus d’un millier d’adhérent·es du PCF, nous sommes plusieurs dizaines de maires à nous retrouver dans la démarche proposée par le texte « Urgence de communisme. Ensemble pour des victoires populaires ! ».
Ce choix vient de notre pratique d’élu·es en lien avec les populations, tout comme de notre expérience de militant·es communistes, engagé·es au quotidien pour transformer ce monde. C’est aussi la conscience que notre utilité ne sera reconnue par les Français·es que si nous sommes utiles en réflexions et en actes pour répondre aux enjeux sociaux, climatiques et de lutte contre toutes les dominations.
Les « bastions » historiques n’en sont plus, et peu à peu, l’originalité de nos politiques s’efface de régions entières du pays.
Maires communistes, nous faisons face à des défis toujours plus nombreux. Nous sommes en première ligne face à la crise sociale, aux difficultés des communes… mais aussi aux difficultés du communisme municipal dans un contexte de rigueur budgétaire. Issu des expériences pionnières des municipalités ouvrières, forgé par les victoires du Front populaire et la Résistance au nazisme, conforté par l’élan du Programme commun, le communisme municipal est entré, force est de le constater, dans une phase de déclin accéléré.
Toutes et tous, dans les villes et collectivités à direction communiste, sommes confrontés à cette érosion politique. Les « bastions » historiques n’en sont plus, et peu à peu, l’originalité de nos politiques s’efface de régions entières du pays. Dans nos villes, nous constatons une affection pour le rôle passé du Parti communiste, au mieux une visibilité nouvelle sur des petites phrases polémiques, mais pas d’attraction, ni de sentiment populaire que l’avenir se joue de notre côté.
Or, la politique d’isolement conduite actuellement par la direction du parti ne répond pas à ces difficultés. La qualité des politiques publiques menées, le talent des militant·es communistes et le dévouement de leurs élu·es ne suffisent plus à compenser au plan local nos lacunes dans le débat d’idées national.
Nous avons besoin d’innovations politiques, de profondes remises en question.
Nous avons besoin d’innovations politiques, de profondes remises en question. Nous avons besoin d’un effort important de renouvellement, pour un communisme nouveau répondant aux enjeux du 21e siècle. Il ne s’agit donc pas de revenir à un « âge d’or » trop souvent mythifié, mais de proposer au pays une autre conception de notre vie en société, de la définition des besoins, de la façon de produire, une autre échelle des valeurs qui ne mesure pas la réussite à la quantité de marchandises consommées, mais au bonheur des liens humains retrouvés… Bref, d’être pleinement communistes dans le mouvement réel de la société.
Cela est d’autant plus indispensable que dans la crise généralisée et face au risque préfasciste, tout devient possible, le pire comme le meilleur. Nous devons donc agir pour le meilleur, sans aller à aucun moment sur le terrain de l’extrême-droite mais au contraire en combattant chacune de ses thèses dangereuses qui empoisonnent le débat public.
Pour barrer la route au pire, pour conforter dès à présent un rassemblement majoritaire de la gauche et de l’écologie en France, tout comme pour renouveler de fond en comble nos conceptions communistes, nous soutenons la proposition de base commune « Urgence de communisme » !
Retrouvez le texte sur le site www.urgencedecommunisme.fr !
Signataires :
Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-seine.
Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers.
Gilles Leproust, maire d’Allonnes.
Jean-Marc Lespade, maire de Tarnos.
Gille Poux, maire de la Courneuve.
Patricia Tordjman, maire de Gentilly.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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