PS : Nicolas Mayer-Rossignol, l’élément perturbateur

Le challenger d’Olivier Faure pour le second tour conteste les termes de la participation du PS à la Nupes. Il prône une « refondation » de son parti qui le replacerait en force motrice de la gauche.

Lucas Sarafian  • 13 janvier 2023
Partager :
PS : Nicolas Mayer-Rossignol, l’élément perturbateur
Nicolas Mayer-Rossignol en compagnie d'Anne Hidalgo, dont il était le porte-parole en charge des affaires économiques, le 12 septembre 2021.
© Thomas SAMSON / AFP.

Scientifique, Nicolas Mayer-Rossignol a dû s’improviser politique. Depuis quelques semaines, il joue un rôle qu’il n’a jamais connu : candidat à la tête du Parti socialiste. Depuis ce jeudi 12 janvier, il est en lice pour le second tour, face à l’actuel Premier secrétaire, Olivier Faure. Selon ses opposants, il est un peu « poussé » par le clan d’Anne Hidalgo, dont il était le porte-parole en charge des questions économiques et écologiques durant la présidentielle.

Sur le même sujet : PS : Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, d’accord sur le fond, divergents sur l’union

Mais cette fois, il est seul et a tenté de se créer un espace entre l’anti-Nupes, Hélène Geoffroy, et celui qui a contribué à cette alliance, Olivier Faure. Il souhaitait incarner une « troisième voie ». Une mission quasi impossible pour celui qui, méconnu du grand public, joue pour la première fois sur la scène nationale.

Car Nicolas Mayer-Rossignol est avant tout un élu local. Maire de Rouen, mandat qu’il n’hésite pas à rappeler à chacune de ses interventions, il ne correspond pas à l’image qu’on se fait d’un chef de parti. Il veut être un édile, pas un apparatchik qui cumule les sièges dans les instances de la maison. Lui qui ne s’est jamais essayé à l’art de la synthèse et aux débats internes va peut-être devoir s’y habituer.

Sur le même sujet : PS : Olivier Faure, converti à l’union

Pour se positionner, il préfère écrire. À l’image de ce livre, La gauche après la crise, où il imagine une 6e République au Parlement renforcé. Un essai écrit avec Guillaume Bachelay, proche de Laurent Fabius. C’est d’ailleurs leur point commun : « NMR » a été conseiller spécial de celui qui n’était pas encore ministre des Affaires étrangères à la Métropole Rouen Normandie, avant d’intégrer son cabinet au Quai-d’Orsay.

La direction ne parle que de la Nupes pour éviter de faire son bilan et de questionner le PS.

Alors pour se lancer dans la bataille, rien de mieux qu’une tribune pour appeler à la « refondation » du parti. « Ce qu’on reproche, c’est que la direction ne parle que de la Nupes pour éviter de faire son bilan et de questionner le PS », affirme un membre du conseil national qui le soutient. L’alliance avec les écolos, communistes et insoumis ? Ni pour, ni contre. Tout est à renégocier.

Mais une chose est sûre : le PS doit en être la force motrice. Une position un peu moins hostile que celle de la tribune de Bernard Cazeneuve de septembre 2022 qu’il signe pourtant aux côtés d’Hélène Geoffroy. Peut-être va-t-il bénéficier d’une de ces alliances de circonstances qu’il critique pourtant ?

Tout Politis dans votre boîte email avec nos newsletters !
Politique
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres
Politique 22 novembre 2024 abonné·es

Congrès PS : sauver ou dégager Olivier Faure ? Les socialistes à fond les manœuvres

Les opposants au premier secrétaire du parti tentent de rassembler tous les sociaux-démocrates pour tenter de renverser Olivier Faure. Mais le patron des roses n’a pas dit son dernier mot. Au cœur des débats, le rapport aux insoumis. Une nouvelle fois.
Par Lucas Sarafian
2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires
Quartiers 20 novembre 2024 abonné·es

2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires

Assurés d’être centraux dans le logiciel insoumis, tout en assumant leur autonomie, de nombreux militant·es estiment que 2026 sera leur élection.
Par Hugo Boursier
« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »
Élections municipales 20 novembre 2024 abonné·es

« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »

L’historien Gilles Candar, spécialiste de la gauche et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès, analyse l’institutionnalisation du mouvement mélenchoniste et expose le « dilemme » auquel seront confrontés ses membres aux élections de 2026 : l’union ou l’autonomie.
Par Lucas Sarafian
Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes
Enquête 20 novembre 2024 abonné·es

Municipales 2026 : LFI à la conquête des villes

Le mouvement insoumis prépare son offensive pour remporter des mairies aux prochaines municipales. Des élections qui engagent un bras-de-fer avec les socialistes et légitimeraient la stratégie de Jean-Luc Mélenchon sur l’abstentionnisme et les quartiers populaires.
Par Lucas Sarafian