Polytechnique : les étudiants ont gagné, LVMH ne s’implantera pas
C’est une victoire de plus pour le collectif « Polytechnique n’est pas à vendre » et l’association « La Sphinx », qui avaient déjà empêché TotalEnergies de s’installer en plein cœur du campus, à Saclay, l’an dernier.
Bernard Arnault doit ravaler sa fierté : cette fois-ci, sur le campus de Polytechnique, à Saclay, l’homme aux 208 milliards de dollars a perdu. Alors que le conseil d’administration de l’école avait voté en faveur de l’implantation d’un centre de recherche et d’innovation sur le luxe piloté par LVMH, le 8 novembre dernier, la firme a finalement décidé de se retirer face à la fronde des étudiants.
Une belle victoire pour le collectif « Polytechnique n’est pas à vendre » et l’association « La Sphinx », constituée d’élèves et d’anciens élèves de l’école. Depuis plusieurs mois, les deux structures luttaient contre l’arrivée de LVMH sur leur site.
Position exclusive
« Le manque de cohérence entre le projet du groupe de luxe et la mission d’intérêt général de l’établissement public faisait l’objet de critiques de la part des étudiants et du personnel. Surtout, ceux-ci dénonçaient la position exclusive accordée à LVMH sur le campus et demandaient que le bâtiment LVMH soit construit ailleurs, ce qui n’aurait pas empêché l’établissement de développer des partenariats avec l’entreprise », rappellent le collectif et l’association dans un communiqué.
Dans une lettre datée du 13 janvier et adressée au directeur général de l’EPA-PS (l’établissement public qui s’occupe de l’aménagement du plateau de Paris-Saclay), Philippe Van de Maele, et au maire de Palaiseau, Grégoire de Lasteryrie, Bernard Arnault précise, amer : « C’est aujourd’hui vers un terrain situé en dehors du plateau de Palaiseau-Saclay et du périmètre de l’EPA-PS que va notre préférence ».
Décidément, le mois de janvier porte chance aux étudiants de Polytechnique. L’an dernier, le 28 janvier 2022, c’était TotalÉnergies qui renonçait à son centre de recherche et de développement dédié aux nouvelles énergies. Une décision qui intervenait après une plainte déposée quelques mois plus tôt par Greenpeace France, Anticor et La Sphinx contre Patrick Pouyanné, le PDG du groupe et aussi membre du conseil d’administration de Polytechnique, et contre X, pour « prise illégale d’intérêts ».
Après Saclay, la Boîte à Claques ?
« Un an après Total, le renoncement de LVMH entérine l’échec de la stratégie consistant à vendre à la découpe les terrains du campus à des grands groupes. Il est urgent de réfléchir collectivement à un autre avenir pour ces terrains », explique Thomas Vezin, secrétaire général de l’association La Sphinx, dans le communiqué cité plus haut.
Mais l’histoire entre Bernard Arnault et Polytechnique n’est pas encore terminée. D’une part, le renoncement du milliardaire à s’implanter à Saclay « ne [remet] pas en cause le partenariat de recherche discuté avec l’École polytechnique », rappelle-t-il dans sa lettre.
D’autre part, LVMH est aussi impliqué dans le vaste projet de transformation de la « Boîte à claques », l’ancien bâtiment de Polytechnique, niché sur la montagne Saint-Geneviève, à Paris. Sauf si Anne Hidalgo respecte le voeu adopté par le Conseil de Paris, en octobre ? Déposé par l’élu écologiste Émile Meunier, il demandait la suspension des travaux et la mise en place d’un audit juridique. Pour l’instant, l’exécutif parisien ne s’est pas encore prononcé.
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