Coup de poing sur les superprofits de Total
Alternatiba Paris et les Amis de la Terre se sont retrouvés ce mercredi 8 février à l’heure d’arrivée des salariés pour dénoncer les superprofits de TotalEnergies, s’élevant à 19,1 milliards d’euros en 2022.
« Fermez tout, bloquez les sas, écartez vous ! », ont clamé les vigiles dès 8 h 50 ce mercredi 8 février, en voyant approcher une vingtaine de militants d’Alternatiba Paris et des Amis de la Terre. Munis de banderoles, de gilets jaunes floqués de leurs logos, de diffuseurs de peinture et de bouteilles de gouache, ils ciblaient le siège de TotalEnergies à la Défense.
Une action coup de poing pour dénoncer les pratiques de l’entreprise à l’annonce de ses bénéfices historiques : 20,5 milliards de dollars sur l’année 2022. Le résultat net ajusté de l’entreprise s’élève même à 36,2 milliards de dollars, soit le double par rapport à l’année 2021. Ce chiffre ne tient pas compte des événements exceptionnels donc « sans les habiles provisions sur ses actifs russes, les profits auraient été plus importants », confirme Maxime Combes, économiste à Attac France.
« Quand on parle de superprofits, on pense spontanément et immédiatement à Total », confie Clem Converset-Doré, porte parole d’Alternatiba Paris. Gabriel Mazzolini, porte parole des Amis de la Terre est catégorique : « On vise TotalEnergies car c’est une entreprise qui pourrait être taxée sur ses bénéfices afin de financer notamment le déficit de la caisse des retraites. Pour autant, c’est une compagnie qui échappe à l’impôt, qui fait ce qu’elle veut avec les prix du carburant et justifie ses postions par de ridicules ristournes sur le prix du carburant. »
Ce géant du pétrole ne lésine pas sur les moyens pour se teinter de vert grâce à une communication maîtrisée : un changement de nom, un beau storytelling autour de l’idée d’une avancée majeure en terme d’énergies renouvelables… Pourtant, ce matin, c’est bien le noir et le rouge qui couvraient les portes et la façade du siège de TotalEnergies. « Du rouge pour les victimes et le réchauffement climatique et du noir pour les énergies fossiles », explique le porte-parole des Amis de la Terre.
On vise TotalEnergies car c’est une entreprise qui pourrait être taxée afin de financer notamment le déficit de la caisse des retraites.
Les militants climat appellent à la responsabilité de l’État face à l’inflation et à la répartition des richesses : « L’État doit mettre la pression sur cette entreprise et ne pas laisser les salariés et les syndicats négocier seuls dans les rapports de force, comme ce fut le cas il y a quelques mois », souligne Gabriel Mazzolini.
Pour rappel, la négociation des salaires de l’entreprise a abouti à seulement 5,5% d’augmentation alors que les grévistes en attendaient au moins 10 %. Maxime Combes rappelle que « TotalEnergies n’a pas payé un seul euro d’impôt entre 2019 et 2020 et l’augmentation de la rémunération des actionnaires est supérieure à l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables ». « 28 % d’augmentation de leurs bénéfices par rapport à 2021 ! », s’indigne Clem.
L’année dernière, l’annonce des bénéfices était déjà un record historique. Cette année, c’est encore plus. Une augmentation qui se justifie par un profit tiré de la crise des prix du carburants, des crises sociales et des vingt projets en lien avec des énergies fossiles soutenus par TotalEnergies dans le monde.
« Des projets désastreux pour l’environnement également soutenus par la diplomatie française », scande Gabriel. Le dernier en date est l’oléoduc Eacop pour acheminer le pétrole sur 1400 kilomètres, entre l’Ouganda et la Tanzanie, provoquant le « déplacement de cent mille personnes et menaçant tout l’écosystème local ». Un non-sens complet pour la transition énergétique.
Il semble évident que TotalEnergies ne s’arrêtera pas de miser dans les énergies fossiles tant que cela lui rapportera. « On sera là tant que Total ne se retirera pas du gaz et des projets climaticides qu’elle soutient. On demande depuis des années au gouvernement de mener une politique climatique ambitieuse. Aujourd’hui, non seulement celle-ci est inexistante mais on peut carrément parler de sabotage ! » conclut Clem.
On sera là tant que Total ne se retirera pas du gaz et des projets climaticides qu’elle soutient.
Une détermination commune à d’autres militant·es écolo. La veille, cinq lauréates du Prix Goldman pour l’environnement – dont Lucie Pinson et Claire Nouvian – ont dénoncé au Parlement européen la complicité du secteur financier envers les stratégies pétrolières et gazière de TotalEnergies en Afrique. Sur 78 acteurs contactés, seul quatre se sont engagés à ne plus les financer. Les militants sont prêts à remplir leurs stocks de peintures pour de prochaines actions.
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