Jeunes de Gaza : résister par l’art et le sport
Depuis quinze ans, les Palestiniens de l’enclave côtière vivent sous blocus. Ce bout de terre est aujourd’hui une prison à ciel ouvert où les mouvements islamistes prospèrent et recrutent au cœur d’une jeunesse désespérée. Mais le choix des armes n’est pas le seul modèle de résistance : avec leurs poings, leurs corps ou leurs mots, de jeunes hommes et femmes refusent de plier face à l’occupation israélienne, mais aussi face aux autorités locales.
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Deux fois par semaine, ils se retrouvent sur la plage de Gaza. Ils sont huit, ont entre 13 et 22 ans et sont membres d’une même équipe de parkour, cette discipline acrobatique qui consiste à franchir – sans aucune aide – des obstacles urbains ou naturels. Dans la bande de Gaza, ce sont surtout les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes que ces pratiquants escaladent.
Ce samedi du mois de janvier, sous le soleil, l’entraînement se fait pieds nus, en jogging ou en short. Pas de tapis de protection ni d’équipement, juste des sacs de sable empruntés sur un chantier voisin. « Je me sens libre quand je fais du parkour, sourit Mahmoud Al-Amar, l’entraîneur. Pas la liberté comme vous l’entendez, sans mur ni blocus, mais je me sens vivre quand même. »
Ce Palestinien de 22 ans a créé ce petit groupe il y a quatre ans. Depuis, les jeunes Gazaouis se rassemblent pour s’entraîner au parkour au bord de la Méditerranée, le seul endroit où le mot « horizon » a un sens dans l’enclave palestinienne. Au nord, les habitants sont bloqués par le checkpoint israélien d’Erez et l’immense mur qui longe la frontière. L’est est barricadé et, au sud, l’Égypte les laisse sortir seulement au compte-gouttes.
« Yallah, tous en cercle », ordonne Mahmoud. Le jeune Gazaoui ne prête même plus attention au vrombissement des drones qui volent sans cesse au-dessus de leurs têtes. « On commence l’échauffement, avec les poignets. Les poignets, puis les genoux, les gars ! » En sueur, quelques retardataires arrivent sur la plage, perchés sur des vélos brinquebalants, relookés avec des autocollants fluo.
Quarante kilomètres de long, six à douze kilomètres de large, et plus de 2 millions de Palestiniens qui s’entassent sur cette bande de terre côtière, soumis à un blocus depuis 2007. Cette année-là, le mouvement islamiste Hamas a pris le contrôle de l’enclave, chassant l’Autorité palestinienne.
Depuis, Gaza manque de tout : le siège militaire a contribué à la fragmentation du peuple palestinien, il empêche artistes, sportifs, étudiants et professionnels de saisir d’autres opportunités en Palestine ou à l’étranger, et l’économie est dévastée. Le chômage atteint 44 %, grimpe à 60 % pour les jeunes, et près de 80 % des habitants dépendent de l’aide humanitaire. L’étroite bande de terre est pauvre, surpeuplée, polluée et ne surnage que grâce à une aide extérieure étroitement contrôlée par Israël.
« Ce qui manque à Gaza, soupire Ahmad Zenadi, 24 ans, vendeur ambulant sur la plage, encore plus que l’électricité en continu, l’air respirable, l’eau potable et la liberté de circulation, c’est la possibilité de faire des plans. Les guerres se succèdent et il n’y a aucun horizon, ni politique ni économique. »
Il évoque sa perte d’espoir face à l’indifférence de la communauté internationale. « Personne ne s’intéresse à Gaza, personne n’a envie que les choses changent. » Résultat, beaucoup cherchent à fuir : d’après le centre de recherche Masarat, environ 36 000 Gazaouis ont quitté l’enclave côtière ces cinq dernières années pour tenter de migrer.
Dix minutes plus tard, en débardeur ou torse nu, Jihad, Younes et Bachar s’élancent et enchaînent les acrobaties avec une facilité déconcertante. Ils n’ont jamais mis les pieds dans une salle de musculation mais leurs corps sont athlétiques et leur permettent de prendre à chaque salto, à chaque vrille, un peu plus de hauteur. « On n’a pas de travail ici, alors on se retrouve pour faire quelque chose de notre énergie tous ensemble », explique Younes. Autour de lui, le reste de l’équipe commence à rire, mais il poursuit. « C’est mieux de faire du sport que des conneries, vous ne croyez pas ? »
L’esprit libre
Avant de se lancer dans une nouvelle acrobatie, Jihad ajuste sa ceinture dorsale. « J’ai tenté une nouvelle figure l’autre jour, mais je suis tombé sur le dos. Donc je porte cette ceinture pour soulager mes douleurs et le soutenir un peu », explique le jeune homme de 20 ans. Il n’a pas vu de docteur. « Je n’ai pas l’argent pour payer la consultation. On n’est pas en Europe ici. Si un médecin me dit de faire un traitement, je fais comment ? »
Dans la bande de Gaza, isolée par le blocus imposé par Israël, les hôpitaux sont débordés et manquent de médicaments et d’équipements médicaux. « On a l’habitude de vivre dangereusement ici », raconte Bachar, 19 ans, presque en se vantant. « Si on fait des acrobaties de plus en plus dangereuses, le monde extérieur nous regardera davantage. Parfois, il faut faire des choses risquées pour atteindre son but. »
Si on fait des acrobaties de plus en plus dangereuses, le monde extérieur nous regardera davantage.
Le but de Bachar et du reste de son équipe, c’est de franchir un jour les frontières de Gaza pour participer à une compétition internationale. En attendant, les jeunes Gazaouis s’entraînent sans relâche. Pour marquer davantage les esprits, Mahmoud a appris à une partie de son équipe à cracher du feu.
« On veut montrer à tout le monde qu’on se moque de leurs destructions, de leur mur, de leur oppression. Ici, on ne s’arrêtera pas. Notre esprit restera libre », tient à ajouter l’entraîneur. « Quand on saute d’un immeuble détruit à l’autre, c’est un message clair pour dire que nous sommes encore en vie ! »
Faire sourire les gens
Quelques mètres plus loin, sur la même plage, la musique de47Soul – mélange de groove et de dabké d’un célèbre groupe palestinien – s’échappe d’un restaurant à même le sable. Sous une paillote, des femmes profitent du soleil et jettent de temps à autre un regard sur leurs enfants qui font du vélo ou de la trottinette sur le front de mer. Ils passent à toute vitesse devant une fresque colorée qui attire le regard.
Elle a été dessinée par Ayman Al-Husari, street-artiste gazaoui de 34 ans, qui fusionne la beauté des lettres arabes et l’art moderne du graffiti. « J’ai choisi de dessiner sur les murs pour être plus proche des gens, rendre mon art accessible à tous, tous les jours. Ce dessin, c’est un mélange de couleurs vives et de calligraphie : il n’y a pas de mots, que des lettres entremêlées qui créent des vagues. J’ai essayé au maximum de m’éloigner du noir et du blanc pour faire sourire les gens et essayer de leur faire oublier les souffrances du quotidien. »
À cause du blocus, les artistes de Gaza doivent faire preuve d’imagination et d’ingéniosité. Beaucoup apprennent seuls, s’inspirent d’œuvres connues ou de vidéos sur internet et utilisent, pour peindre, des ressources naturelles ainsi que du matériel et des ustensiles déjà présents dans l’enclave côtière. « Le street art, au moins ça ne coûte pas cher. Il nous faut seulement de la peinture, rit l’artiste. Le mur, en revanche, c’est parfois plus compliqué. La dernière fois, je voulais peindre à un endroit extrêmement bien exposé, à la vue de tous, mais le mur appartenait au gouvernement. Cela a directement été refusé »
J’ai choisi de dessiner sur les murs pour être plus proche des gens, rendre mon art accessible à tous.
Depuis plusieurs années, Ayman Al-Husari, a réussi à laisser son empreinte un peu partout, y compris sur les murs des écoles de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens. À l’origine, peindre ou s’exprimer sur les murs était une tradition propre aux partis politiques palestiniens pour faire passer des messages à la population, appeler à la grève ou rendre hommage à un martyr.
Dans la ville de Gaza, presque chaque mur est recouvert d’un dessin, d’un graffiti artistique ou d’un message politique. « Il y a une signification derrière chacune de mes œuvres, reprend le grapheur. Parfois le message est simple, parfois il est lié à l’actualité de manière directe, parfois il est plus grave, lié à la situation politique, à notre manque d’espoir ».
Ses récentes fresques ? Un portrait de George Floyd – Afro-Américain tué par la police lors de son arrestation en 2020 – ou encore une collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge pour lequel il a peint des tourbillons noirs faits de lettres arabes sur une grande fresque blanche. « C’était une manière de parler de notre vie dans la bande de Gaza : un seul scénario qui tourne en boucle. Comme un nœud qui se resserre autour de nous. »
Ayman Al-Husari n’espère qu’une chose : faire comme Banksy, street-artiste qui joue les usurpateurs avec des œuvres cyniques et humoristiques interpellant sur la condition humaine. En 2014, après la guerre, ce célèbre artiste britannique a d’ailleurs fait un séjour express et incognito à Gaza.
Sur les ruines de maisons détruites dans les bombardements d’Israël, il dessine une tour de contrôle de l’armée israélienne transformée en carrousel où des enfants se balancent. « Il m’a beaucoup inspiré, même si notre art est complètement différent, avoue le Gazaoui. J’aimerais surtout avoir la possibilité de sortir de Gaza et, comme lui, peindre sur des murs aux quatre coins du monde pour alerter sur notre situation. »
« Nous sommes fortes »
Alerter, résister, faire passer un message, ce n’était pas forcément la première chose à laquelle Haneen Abu Aklin, 30 ans, avait pensé en s’inscrivant dans un club de boxe féminin. Elle cherchait surtout un endroit pour se défouler et évacuer les énergies négatives du quotidien de cette petite bande de terre. Elle a testé, a adoré, et s’entête désormais à mettre KO les préjugés autour de ce sport, traditionnellement réservé aux hommes.
« Le monde entier essaie de nous minimiser, nous les femmes. Nous sommes vues comme les faibles, mais nous sommes fortes. Et nous pouvons réussir tout autant que les hommes. Même à Gaza. Surtout à Gaza ! » affirme la jeune femme, gants de boxe aux mains. Comme elle, une quarantaine de femmes – des adultes mais aussi des fillettes et des adolescentes de 9 à 18 ans – s’entraînent trois fois par semaine dans ce petit club, le Gaza Boxing Women, pour 80 shekels par mois, soit une vingtaine d’euros.
Nous, les femmes, pouvons réussir tout autant que les hommes. Même à Gaza. Surtout à Gaza !
Sur les murs, il y a des portraits de boxeurs célèbres – Mike Tyson, Floyd Mayweather, Muhammad Ali –, des trophées et des slogans encourageants : « Never a victim, always a fighter » (« Jamais une victime, toujours un battant »).
Au coup de sifflet, l’entraînement commence. Des tours de ring, de la corde à sauter, quelques pompes, des exercices à l’aide d’une corde ondulatoire, beaucoup de rires et quelques résistances aux ordres donnés par le coach. Toutes enchaînent ensuite des coups droits et des crochets. Les frappes de Rahaf Abu Naji, bandeau sur la tête, regard déterminé, résonnent dans toute la salle.
« Ça faisait un moment que je regardais les matchs de boxe à la télévision, alors ça m’a donné envie de m’y mettre, lance-t-elle, s’arrêtant pour reprendre son souffle. La boxe me donne du pouvoir, de l’énergie, de la force et, surtout, ça m’apprend à me défendre. » Cette jeune Palestinienne de 18 ans l’avoue : les débuts ont été compliqués, mais elle a beaucoup insisté et son père a cédé. Depuis, signe de son approbation, il lui a acheté un punching-ball pour qu’elle s’entraîne aussi à la maison.
« Je voulais briser cette norme et rendre la boxe féminine possible à Gaza », raconte Osama Ayoub, le coach. Ancien boxeur, entraîneur en Algérie puis au Liban, il y découvre l’engouement de la boxe chez les femmes. De retour à Gaza, il commence par entraîner ses propres filles en 2017 – chez lui, malgré le regard malveillant des voisins – puis décide d’étendre la pratique.
L’idée ne leur plaît pas. Ils ont peur que les femmes se mettent à battre leurs maris.
« Je m’attendais à beaucoup de réticence. Mais celles qui m’ont encouragé en premier étaient les mères de toutes ces filles. Cinq ans plus tard, nous sommes dans ce club et nous avons deux groupes de boxeuses. Il manque encore beaucoup d’équipement, mais les filles commencent à avoir un vrai niveau. J’espère qu’elles pourront un jour lever le drapeau palestinien lors de compétitions internationales. »
Quant aux autorités locales, elles sont loin d’encourager l’initiative. « Lorsque nous avons ouvert le club, j’ai été directement convoqué par les services de sécurité, soupire le coach. L’idée ne leur plaît pas. Ils ont peur que les femmes se mettent à battre leurs maris, c’est ce qu’ils m’ont dit, même si c’est absurde. Malheureusement, certains estiment encore que les femmes sont uniquement bonnes à faire la cuisine, le ménage ou à rester enfermées. Les pressions sont nombreuses, et si je n’arrive pas à avoir de financements, nous allons devoir fermer. »
Danser pour résister
Mohammad Obaid non plus n’est pas vu d’un très bon œil par les autorités de Gaza. Depuis trois ans, ce Palestinien de 32 ans – plus connu sous le surnom de Samara – fait danser des adolescentes. Chaque semaine, dans une salle privée, il leur enseigne le dabké, danse folklorique et traditionnelle de la région du Levant. En rang, se tenant la main, sautant et tapant au sol frénétiquement avec leurs pieds, une vingtaine de jeunes filles et deux garçons répètent les mêmes pas presque à la perfection.
« Allez, on recommence. On part à gauche avec les derniers pas qu’on a appris. Un, deux et trois », lance Samara, avec un entrain sans faille. « Le dabké, c’est une institution. C’est ce qu’on danse aux mariages, aux fêtes, et c’est une manière de préserver notre culture palestinienne sans cesse mise à mal, assure-t-il fièrement. Ce qui est très compliqué à Gaza, en revanche, c’est de faire danser le dabké aux femmes. Notre société est très conservatrice et nous sommes les seuls à accueillir des adolescentes jusqu’à 17 ans. ».
À 32 ans, Mohammad Obaid ne tient pas en place. Surnommé Samara, ce Palestinien aime le mouvement : il est l’un des professeurs de dabké les plus connus de la bande de Gaza. Impossible de le manquer dans une salle : c’est celui qui affiche toujours un large sourire et ponctue ses phrases de quelques blagues bien placées. Excellent danseur, il est aussi responsable de l’école de cirque de l’enclave palestinienne.
« L’art est porteur de message, selon moi. Je veux montrer au monde une autre vision de la Palestine où règnent l’amour et la paix. C’est la seule réponse que j’ai trouvée face à la violence », confie Samara. Le jeune homme est né à Gaza, et il n’est pas question pour lui d’en partir. « J’ai eu des propositions pour quitter cette enclave, mais j’ai refusé. J’aime l’endroit où je suis né et où j’ai grandi. Je ferai toujours tout pour défendre cette terre à ma manière. »
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007, a fixé une règle stricte : il interdit aux filles âgées de plus de 12 ans de participer à des représentations publiques. Elles ne peuvent pas participer à des festivals en extérieur ou faire des représentations sur la plage. « Parfois ça m’énerve, et puis après je me dis qu’un jour ça va changer et qu’on va nous laisser, nous les filles, aller danser en public hors de cette salle », s’agace Khawla.
C’est aussi une forme de résistance. Je fais danser les filles avec les garçons.
À 12 ans, l’adolescente est l’une des meilleures danseuses du cours. « Moi, je voudrais demander à ceux qui ont fait cette règle : “Pourquoi vous nous empêchez de danser ?” Il devrait y avoir une égalité entre les femmes et les hommes. C’est juste de la danse ! » À côté de la jeune fille, Samara, le coach, affiche toujours son même large sourire. « C’est aussi une forme de résistance. Je fais danser les filles avec les garçons. Le dabké, traditionnellement, c’est mixte ! »
Défi musical
C’est cette même envie de résistance qui a animé Ayman Mghames, fondateur du mouvement hip-hop et rap de l’enclave palestinienne, ancien membre du groupe Palestinian Rappers. « C’était la seconde intifada, en 2001. Nous étions à Gaza, nous voulions agir, nous voulions résister à l’occupation, à l’attitude envers les Gazaouis, et rendre hommage aux martyrs. Mais nous avions peur de la mort : la seule solution qui s’est imposée à nous, ça a été de le faire via la musique et le rap. »
Un défi supplémentaire dans l’enclave côtière, où, à l’époque, personne n’écoute ce genre musical. « Nous étions traités d’imitateurs des Américains. Les gens estimaient que nous allions détériorer la tradition musicale palestinienne »,soupire Abu Joury.
À Gaza, encore plus qu’ailleurs, être un musicien ou un chanteur n’est pas une chose aisée. La quasi-totalité des artistes de l’enclave côtière ne vivent pas de leur art et doivent travailler à côté. « Nous ne pouvons pas participer à des concerts hors de Gaza, ni à des résidences, à des échanges culturels ou musicaux. Importer des instruments, c’est un vrai parcours du combattant, entre les autorisations et les frais de transport exorbitants. Pour répéter, il faut un lieu et de l’électricité, et donc un générateur, et tout ça coûte de l’argent. » Bien plus que ce qu’un artiste peut se permettre à Gaza.
Aujourd’hui, ce rappeur palestinien a une autre ambition. « Au moins à quelques reprises, j’ai réussi à sortir de cette prison à ciel ouvert et à délivrer mon message au public. Mon tour est passé : maintenant je veux que d’autres puissent découvrir ce que j’ai découvert en allant dans d’autres pays. » En 2019, il créeainsi une structure pour aider les jeunes, financée par la Fondation Delia Arts, une organisation socioculturelle qui soutient la création musicale dans les zones de conflit.
Je rêve de créer une industrie de la musique connue dans le monde entier.
Le lieu est ouvert à tous les artistes, il y a un studio d’enregistrement dernier cri et une salle de répétition remplie d’une large variété d’instruments. « Je rêve de créer une industrie de la musique à Gaza, connue dans le monde entier. Qu’elle soit le pont entre les artistes locaux et la communauté internationale », confie Ayman, ambitieux. Et il espère une chose : que tous ces jeunes de Gaza continuent à se battre, à leur manière. « Nous devons faire notre révolution. »