Retraites : le 7 mars en ligne de mire
Ce jeudi 16 février, les cortèges contre la réforme des retraites étaient moins fournis que lors des quatre premières journées de mobilisation. Tout le monde – syndicalistes comme manifestants – sont désormais tournés vers la journée du 7 mars.
Les syndicats avaient prévenu : la participation à cette cinquième journée de mobilisation risquait d’être un peu en baisse. Les pronostics n’ont pas été déjoués. 300 000 personnes ont ainsi été comptabilisées à Paris par la CGT, soit le plus faible total depuis le début du mouvement. Ce sont 1,3 million de personnes qui ont défilé, selon les syndicats, et 440 000 selon les autorités.
Pour cause, cette mobilisation intervient en pleine période de vacances d’hiver pour deux zones sur trois, et à la suite d’une semaine de double manifestations – le mardi 7 et le samedi 11 février. Pour les syndicats, ce n’est d’ailleurs pas l’affluence du jour qu’il faut regarder.
« Les démonstrations de force ont déjà eu lieu. On a mobilisé comme jamais on ne l’avait fait depuis 30 ans. L’idée de cette journée est de maintenir le souffle du mouvement, et de montrer l’expression de la rue en parallèle des débats à l’Assemblée nationale », explique Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT.
50 000 personnes à Albi
En parallèle de la mobilisation de rue, les débats continuent de faire rage dans l’hémicycle. La Nupes a supprimé de nombreux amendements, pour essayer d’accélérer le rythme du débat parlementaire qui doit se terminer vendredi soir. Du côté syndical, on espère que l’Assemblée nationale pourra se prononcer sur l’article 7 du projet de loi. C’est lui qui prévoit de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Les démonstrations de force ont déjà eu lieu. On a mobilisé comme jamais on ne l’avait fait depuis 30 ans.
« Il serait bon qu’on puisse avoir l’avis factuel des députés sur cette question », a souligné Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, depuis Albi. Avec les autres leaders syndicaux, il s’est déplacé dans cette ville de quelque 50 000 habitants pour soutenir les importantes manifestations dans les villes moyennes.
Selon l’intersyndicale, 50 000 personnes ont participé à cette mobilisation dans la préfecture du Tarn ce 16 février. Un chiffre historique, plus de deux fois supérieur au 31 janvier, où les syndicats revendiquaient 20 000 participants.
« Montrer que sans les travailleurs et travailleuses de ce pays, le pays ne tourne pas »
D’Albi à Paris, tous les syndicalistes et manifestants ont le 7 mars en ligne de mire. À cette date là, qui interviendra à la fin des vacances scolaires, l’intersyndicale appelle les Français à « mettre la France à l’arrêt ». « Le 7, on espère que ce sera beaucoup plus massif que ce qu’on a déjà fait jusqu’à présent, avec des formes différentes de mobilisation », confie Marylise Léon.
« Nous souhaitons que tous les salariés s’arrêtent de travailler, que des commerces décident de baisser le rideau… Qu’on montre que sans les travailleurs et travailleuses de ce pays, le pays ne tourne pas », abonde Marie Buisson, membre de la Commission exécutive de la CGT. Une intersyndicale est d’ailleurs prévue ce jeudi soir pour discuter des modalités et de l’organisation de cette journée de tournant pour le mouvement social.
Nous souhaitons que tous les salariés s’arrêtent de travailler, que des commerces décident de baisser le rideau…
Dans le cortège parisien, cette date du 7 est d’ailleurs dans tous les esprits. « Le 7 mars, on sera là », entonnent certains manifestants. « J’espère que ça sera aussi gros qu’on l’annonce et que ça ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Sans grève générale reconductible, on ne fera pas céder ce gouvernement intransigeant », glisse Laurent, jeune retraité.
Déjà, certaines organisations syndicales ont annoncé une date de mobilisation le lendemain pour le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, afin de souligner le caractère sexiste de la réforme. « On est en train de voir ce qu’on peut faire tous ensemble », confie Marylise Léon, alors que la CGT et Solidaires appellent à poursuivre les grèves.
Le 9 mars, comme vous le révélait Politis, les organisations de jeunesse ont également annoncé une journée de mobilisation pour durcir le mouvement. La rentrée s’annonce définitivement brûlante.
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