Exclu Politis : les jeunes annoncent une journée de mobilisation le 9 mars
Les organisations étudiantes et lycéennes prévoient des actions « partout en France », annonce, en exclusivité pour Politis, Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef.
C’est un nouveau caillou dans la chaussure du gouvernement. Et pas des moindres. Les principales organisations de jeunesse annoncent une journée de mobilisation nationale le 9 mars. Une date clef : elle arrive après la journée de grève à l’appel de l’intersyndicale, prévue le 7 mars, et au lendemain de la journée de lutte pour les droits des femmes. C’est aussi la deuxième phase des concertations sur la très polémique réforme des bourses. « On est prêts à tout pour se faire entendre », annonce, en exclusivité pour Politis, la présidente de l’Unef, Imane Ouelhadj.
Vous annoncez une journée de mobilisation des organisations de jeunesse le 9 mars. À quoi doit-on s’attendre ?
Imane Ouelhadj : L’objectif de cette journée, c’est de dire au gouvernement : « Stop au mépris des jeunes. » On en a marre d’entendre ses éléments de langage, notamment sur la réforme des retraites où on nous explique que le texte protège notre avenir. C’est faux. On fait partie des premiers lésés de cette réforme. Depuis plusieurs mois, on se fait rouler dessus par le gouvernement. Le 9 mars, à notre tour d’être écoutés. Tout au long de la journée, on se mobilisera sur tous nos lieux d’étude, partout en France, avec des opérations coups de poing : des blocages, des barrages filtrants, des flashmob, etc.
Est-ce votre manière à vous de « mettre la France à l’arrêt », comme l’annonce l’intersyndicale pour le 7 mars ?
Oui, clairement. Le message est clair : les jeunes durcissent le mouvement. On est prêts à tout pour se faire entendre.
Les modalités d’actions seront décidées à l’échelle des établissements ?
On est obligé d’opérer en fonction de chaque territoire. D’abord parce que le gouvernement a systématisé la répression dans nos lieux d’étude. Dès le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, des CRS sont intervenus dans les assemblées générales. C’était le cas à Strasbourg, à Paris, à Lille. Certaines universités sortent aussi la carte des cours à distance pour fermer leurs portes le jour où se tiennent des actions. Mais aussi parce qu’on veut que nos universités, nos écoles redeviennent des lieux d’échange, des lieux de vie. Des universités ont déjà prévu de mener des actions de blocage sur toute la semaine du 6 mars. Les débats sont ouverts.
Depuis plusieurs mois, on se fait rouler dessus par le gouvernement.
Les blocages peuvent-ils être reconduits tout au long du mois de mars ?
C’est une possibilité, bien entendu. On laisse les étudiants décider des suites de la mobilisation. Le 9 mars, c’est la deuxième phase des concertations sur la réforme des bourses. On est inquiets sur ce sujet-là, d’autant plus que le gouvernement a décalé le DSE (dossier social étudiant) – le compte en ligne qui permet de faire des demandes de bourses et de logements. C’est donc une journée importante – au-delà des retraites – pour les jeunes. On veut marquer le coup. Si on voit que rien ne sort à l’issue des discussions, on pourra reconduire les actions menées dans les universités. Mais ce seront aux assemblées générales de décider.
C’est donc une date de mobilisation qui dépasse le seul sujet des retraites.
Oui. On veut rendre visibles nos inquiétudes. Emmanuel Macron et son gouvernement ont décidé de jouer avec notre avenir. Les jeunes ont de moins en moins d’espoir. Et pendant ce temps-là, les députés d’En Marche ne votent pas le repas à 1 euro. Le gouvernement nous méprise, et ne répond pas à nos revendications. Donc le 9 mars, on veut obtenir des réponses. On veut se réapproprier notre futur.
Le gouvernement sait que la jeunesse est la clef des mobilisations en cours.
Est-ce aussi un moyen de répondre aux critiques sur le manque de mobilisation des jeunes depuis le début de la contestation de la réforme ?
On les entend, ces critiques. « Pourquoi les jeunes sont dans les cortèges mais ne bloquent pas les facs ? » Il faut aussi se rendre compte du degré de répression que l’on subit. Le gouvernement a voulu nous mettre un coup de pression. Il a voulu nous tabasser, nous placer en garde-à-vue. On lui répond qu’on sera présent.
Les annonces sur les bourses et le SNU ont été reportées. Le pouvoir craint-il la jeunesse ?
On sent cette crainte. Le gouvernement sait que la jeunesse est la clef des mobilisations en cours. Quand il recule, c’est qu’elle est dans la rue ou qu’elle bloque. On envoie donc ce message : on veut être entendus, par tous les moyens.
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