Ukraine, l’édifiante résistance d’un peuple

Le 24 février 2022, la Russie attaquait l’Ukraine. Un an après cette date sanglante, Politis a choisi de céder la plume à celles et ceux qui sont les mieux placé·es pour parler de la vie en temps de guerre : des Ukrainiennes et des Ukrainiens, sociologues, historien·nes, artistes, journalistes, militant·es…

Patrick Piro  • 22 février 2023
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Ukraine, l’édifiante résistance d’un peuple
© Ahmed Zalabany / Unsplash.

Impossible d’échapper au spectre du 24 février. Cette date restera inscrite en lettres de sang dans nos calendriers pendant de longues années. Il y a douze mois, les chars russes pénétraient massivement en Ukraine et fracassaient, dans une même transgression, la frontière qui protégeait nos mentalités d’Occidentaux d’un retour d’une guerre continentale en Europe.

Un an après, impossible d’échapper au déferlement des analyses militaires et géopolitiques, à d’insondables questionnements sur la psyché de Poutine, à la célébration de Churchill réincarné en Zelensky, aux inquiétants bouleversements de la planète énergie, au décompte accablant des millions de personnes qui ont rejoint les rangs des affamés, privées des céréales ukrainiennes, à l’angoisse du feu atomique par le bombardement d’une centrale ou le largage d’une ogive nucléaire.

En un an, l’Occident a vécu une violente catharsis, dont le débouché se résume ainsi : Poutine ne peut pas, ne doit pas gagner cette guerre.

En un an, l’Occident (car c’est bien plus contrasté dans le reste du monde) a vécu une violente catharsis, dont le débouché se résume ainsi : Poutine ne peut pas, ne doit pas gagner cette guerre.

Passons sur les arguments qui nous font exclure l’issue opposée – la capitulation devant la brutalité d’un dictateur ; après l’Ukraine, les pays baltes ? ; la soumission honteuse à notre dépendance aux hydrocarbures russes, etc. – et attachons-nous au facteur unique qui permet, aujourd’hui, de discourir sur ce que cette guerre du siècle dernier a permis de sursaut salutaire, bien que tardif, contre la folie Poutine : l’impensable résistance des Ukrainiennes et des Ukrainiens aux chars et aux bombardements de l’armée russe.

Sur le même sujet : Ukraine : la reconstruction d’un peuple

Si la capitale, Kyiv (écrit selon la transcription de l’ukrainien), était tombée en trois jours, comme 99 % des stratèges militaires le supposaient, où serait penaudement replié le front des diplomaties occidentales ? Résumé à un blocage des avoirs étrangers de quelques oligarques russes ? À l’ostracisation de Moscou dans les conclaves internationaux ? À une réduction de 10 % des importations de gaz russe ?

La couverture de Politis n°1746 du 23 février 2023, dessinée par Kateryna Bielobrova (https://www.kbielobrova.com ; @kat.bielobrova sur Instagram).

Cette semaine, Politis a fait le choix, unique en trente-cinq ans d’existence, de consacrer l’intégralité de son édition papier – dont tous les articles sont à retrouver intégralement sur Politis.fr –, à un seul sujet : l’Ukraine. Et plus précisément à ce peuple dont la leçon de courage mérite un éclairage spécifique. Alors que le fracas des armes au quotidien sature d’autant plus nos échos médiatiques qu’on y guette, en Europe aussi, l’esquisse d’une victoire ou d’une défaite, que sait-on de la manière dont (sur)vivent les gens en Ukraine ?

La leçon de courage de ce peuple méritait un éclairage spécifique.

Existe-t-il encore une vie sociale, politique ? Comment travaillent les médias ? Pour en parler, nous avons cédé la plume et « tendu le micro » à celles et ceux qui sont les mieux placé·es : des Ukrainiennes et des Ukrainiens, sociologues, historien·nes, artistes, journalistes, graphistes, politistes, militant·es d’association ou citoyen·nes.

Et si leur résistance nous parle autant, c’est qu’elle fait résonner, au plus fort, des valeurs dont nous ne nous sommes jamais départis à Politis : le droit des peuples à décider pour eux-mêmes, la détestation des logiques impérialistes, la défense de la diversité des identités culturelles.

Mais aussi parce que ce courage interroge l’attitude de l’Europe face à d’autres résiliences suscitées par d’aussi terribles adversités, et qui déclenchent bien moins d’empathie populaire et d’ouverture spontanée des frontières quand les exilé·es nous arrivent d’horizons moins blancs, moins blonds, moins chrétiens. Au Sahel, en Syrie, en Birmanie, à Gaza ou ailleurs, les drames humains ne méritent pas moins de compassion du fait que l’oppression n’a pas les traits méphistophéliques de Poutine.

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Parti pris

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