(G)rêve général(e)
La journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 7 mars, et les grèves féministes de ce 8 mars, mettent Emmanuel Macron sous pression. Son camp multiplie les approximations et les mensonges. La question d’une grève générale se pose.
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Retraites : les femmes, grandes perdantes « Depuis notre grève, on a une force énorme » Retraites : notre comptage qui révèle le comportement sexiste des députés dans l’hémicycleLa mobilisation du 7 mars se poursuit. Avec près de trois millions de manifestant·es, depuis les ronds-points occupés par les gilets jaunes jusqu’aux défilés des communes rurales et des grandes agglomérations, la contestation ne cesse de s’amplifier et de se diversifier à mesure que le gouvernement s’exprime et se justifie.
« Une réforme de gauche », prétend le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Après avoir supplié la droite de joindre ses voix à celles de la majorité, les éléments de langage ont de quoi surprendre. Le chef des LR au Sénat, Bruno Retailleau, a d’ailleurs apprécié : « Ce n’est pas nous qui votons la réforme de M. Macron, c’est la majorité de M. Macron qui a choisi de voter notre réforme. […] Une vraie réforme de droite. »
Le président est dans l’impasse. Les tensions au sein de la majorité sont de plus en plus palpables.
Macron a fait le choix de la négociation avec la droite. Pas avec les syndicats. Les concessions faites aux LR sont pléthoriques. Si bien que l’objectif initial de la réforme, l’équilibre financier du régime de retraite, ne sera pas atteint. Pour couronner le tout, ces ingrats de Républicains pourraient ne pas être suffisamment nombreux à l’Assemblée pour que le texte soit adopté, ce qui obligerait à recourir au 49.3.
Le pire des scénarios pour Macron. Le président est dans l’impasse. Les tensions au sein de la majorité sont de plus en plus palpables. Les noms d’oiseaux fusent. Et le très probable caractère inconstitutionnel de nombreux articles du texte – Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, est furieux – n’en finit pas de lui donner des sueurs froides.
Pour faire diversion dans ce moment d’improvisation, la Macronie enchaîne les approximations et autres mensonges. Qu’il s’agisse des 1 200 euros de minimum retraite pour tous, pour finalement ne concerner que 10 000 à 20 000 personnes par an, ou de cette affirmation qu’ânonne la Première ministre Élisabeth Borne (qui assure, elle, « ne pas savoir si cette réforme est de gauche ou de droite ») : « Il n’y aura pas de perdantes. » Encore raté. Les femmes seront une nouvelle fois pénalisées, comme l’a admis le ministre Franck Riester lui-même.
Allons-nous continuer à parler d’hypothétiques grèves reconductibles ?
D’où l’enjeu de la bataille qui a démarré le 6 mars dernier avec la première manifestation nocturne féministe, à Paris, et se poursuit ce 8 avec la grève féministe. Et après ? La stratégie du gouvernement est ficelée. Tout va aller très vite. Et nous ? Allons-nous continuer à parler d’hypothétiques grèves reconductibles ou allons-nous, enfin, parler vrai ? Grève générale : là se situe le vrai débat !
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