L’inflation, outil du capitalisme
Tout porte à croire que les classes dominantes veulent refaire le coup des années 80 et profiter de cette séquence inflationniste pour justifier l’extension de la guerre sociale.
dans l’hebdo N° 1750 Acheter ce numéro
L’inflation a atteint un niveau historique proche de celui des années 1980, qui faisait suite au « choc pétrolier ». C’est à cette époque que le capitalisme prend sa forme financière et néolibérale comme « pur capitalisme » (1).
Selon l’analyse du regretté Michel Husson, le capitalisme actuel est délesté de ses contre-pouvoirs.
Sommes-nous à l’aune d’une telle séquence ? L’argument de la hausse du coût de l’énergie est utilisé pour mettre en place une guerre sociale et écologique, comme il le fut à cette époque-là, en alliant le « tournant de la rigueur » et une accélération de la rationalisation des modes de production (mondialisation des chaînes de production pilotée par les grandes entreprises et financiarisation soutenue par le déploiement des technologies de l’information).
Tout porte à croire que les classes dominantes veulent refaire le coup et profiter de cette séquence inflationniste pour justifier l’extension de la guerre sociale et de l’industrialisation des modes de production. Mais aujourd’hui nous n’avons plus les mêmes marges de compromis car, à la différence des années 1980, la probabilité d’une croissance économique s’amenuise au fur et à mesure que les limites écologiques surgissent.
Comme dans les années 1980, le rétablissement des profits ouvre la voie à la guerre contre les lois sociales.
Ce n’est pas un hasard si la confrontation entre ces limites terrestres et la fuite en avant du capitalisme se cristallise dans les prix de l’alimentation. Cette inflation ne s’explique pas par la hausse des salaires. Des décennies de politiques de flexibilisation de l’emploi pèsent lourdement sur les capacités des salariés et des syndicats à imposer une hausse des salaires, qui n’ont pas suivi l’inflation. Celle-ci est bien la conséquence de la capacité des grandes entreprises en position dominante d’imposer des hausses de prix pour augmenter les profits, amorçant une boucle prix-profits.
Le secteur agroalimentaire a vu ses marges progresser. Mais il ne s’agit pas simplement d’accumuler pour distribuer des dividendes. Il s’agit de profiter de cette pression inflationniste pour justifier l’austérité sociale et étendre la maîtrise par la transformation techno-industrielle dont la numérisation est la pointe avancée.
Il s’agit alors de développer l’automatisation, la numérisation et la robotisation du secteur ainsi que la concentration du capital et l’exportation. Ce sont les mots du gouvernement, le 3 mars dernier, pour justifier la création du fonds d’investissement public-privé pour « soutenir » le secteur. Comme dans les années 1980, le rétablissement des profits ouvre la voie à la guerre contre les lois sociales et à la mondialisation industrielle. Nous devons bloquer cette répétition de l’histoire.
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