SNU : le gouvernement recule face à la pression de la jeunesse
Elisabeth Borne a appelé Sarah El Haïry, pour lui annoncer que l’obligation sur temps scolaire du SNU n’était plus, pour l’instant, d’actualité.
La vague de contestation des jeunes contre la réforme des retraites a englouti l’une des promesses phares d’Emmanuel Macron : l’obligation du Service national universel en temps scolaire. Du moins pour le moment.
D’après une source gouvernementale, Elisabeth Borne a appelé Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargé du SNU, jeudi 23 mars après-midi, en pleine massive neuvième journée de mobilisation, pour lui indiquer que la nouvelle version du SNU, dont nous révélions le plan d’attaque, était mise entre parenthèse.
L’exécutif craint que ce dispositif impopulaire redouble la détermination des jeunes.
« Quand on enlève l’obligation, cela signifie que l’on reste au système actuel du volontariat », explique la même source. « L’exécutif craint que ce dispositif impopulaire et compliqué politiquement redouble la détermination des jeunes ».
Preuve en est, Emmanuel Macron n’a pas dit un mot sur le SNU lors de son interview télévisée, mardi 21 mars, alors que des annonces sur le sujet étaient attendues depuis plusieurs mois. Envisagés comme un nouvel élan d’engagement pour la jeunesse, selon le gouvernement, les séjours de cohésion n’ont pas été évoqués par le président lorsqu’il détaillait ses « caps », dont figure « l’ordre républicain ».
Contacté, le cabinet de Sarah El Haïry botte en touche en affirmant que « toutes les hypothèses, dont l’obligation, sont encore sur la table ».
Caractère abrasif
Le chef de l’État a aussi renoncé à son déplacement à Toulon, prévu mercredi, où devait se tenir une réunion sur le SNU, d’après une information de BFM. Selon une source proche du dossier, des annonces auraient dû être faites sur le SNU lors de cette visite.
Au-delà de l’implication de la jeunesse dans le mouvement social, notamment suite à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, c’est aussi le caractère politiquement abrasif du SNU qui coince. Alors qu’une ligne budgétaire de la version obligatoire et sur temps scolaire devait figurer dans la loi de programmation militaire, qui entre en conseil des ministres début avril, le sujet aurait fait tâche d’huile parmi les parlementaires. « Emmanuel Macron a besoin d’un vote consensuel sur ce projet de loi. Il ne veut pas de débat sans fin sur le SNU », poursuit cette même source.
Une autre difficulté concernait l’application du SNU. « Si un mouvement de jeunes assure qu’il ne fera pas le SNU, avec des appels au boycott lancés sur les réseaux sociaux, que fait le gouvernement ? Va-t-il interdire à tous les contestataires de passer le bac ? C’est trop risqué », ajoute ce fin connaisseur du dossier.
Prudence, toutefois : ce recul ne signe pas l’arrêt définitif de ce dispositif. Emmanuel Macron pourrait très bien revenir dessus dans les prochains mois. « Cela signale surtout les atermoiements du gouvernement sur ce projet phare du président de la République », dit-on en coulisse. Et du niveau de pression engagé par les mouvements de jeunesse.
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