Tragédie politique à l’italienne
Dans le splendide « Esterno notte », Marco Bellocchio revient sur l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades rouges.
dans l’hebdo N° 1750 Acheter ce numéro
Esterno notte, Marco Bellocchio / Sur arte.fr jusqu’au 12 juillet / Coffret 2 DVD chez Arte éditions.
Il y a vingt ans, Marco Bellocchio réalisait Buongiorno, notte, qui racontait l’enlèvement, en 1978, du président de la Démocratie chrétienne, Aldo Moro, par les Brigades rouges, le jour où celui-ci allait signer un accord historique avec le Parti communiste italien. Pour autant, le cinéaste n’était pas quitte avec cette histoire. Il revient avec une série de six heures, Esterno notte, en libre accès sur le site d’Arte et commercialisée en DVD.
Éclairant différents aspects de cet enlèvement (accompagné de meurtres) qui s’est terminé en tragédie, Esterno notte est une splendeur. Autant du point de vue du rythme donné au récit, de l’alternance jamais gratuite entre les scènes politiques et intimistes, que du regard posé sur les personnages.
Qu’il s’agisse de Moro, de sa femme, du ministre de l’Intérieur Cossiga, du pape ou des Brigades rouges, tous interprétés par de brillants comédiens (Fabrizio Gifuni, Margherita Buy, Toni Servillo…). Bellocchio expose les raisons de chacun sans se préoccuper d’idéologie. Et que dire de la mise en scène, qui n’a rien à voir avec la plupart des séries, où le scénario est prépondérant ? Ici, le cinéma d’un maestro triomphe.