« Transparaître (encore) » : véracité organique
Dans un recueil de textes poétiques mis en musique, Séverine Daucourt évoque le vieillissement au féminin avec une justesse remarquable.
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Transparaître (encore) / éditions Lanskine/Marelle Music. Lecture-concert le 18 marsà la Maison de la poésie, à Paris.
Explorant le champ de la poésie depuis le début des années 2000, à l’écrit autant qu’à l’oral, Séverine Daucourt développe une activité résolument transversale. Autrice de livres et de chansons, elle incarne ses différents textes sur scène par le biais de prestations inclassables, quelque part entre lectures, récitals et spectacles. Par ailleurs, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture dans des contextes variés (établissements scolaires, hôpitaux, centres d’accueil, prisons).
Sa nouvelle publication, Transparaître (encore), inaugure la collection « Livres à 5 pattes », consacrée à des ouvrages de poésie mobilisant plusieurs disciplines artistiques. Hybride et originale, à l’image de toute la pratique de l’autrice, elle prend la forme d’un « baladolivre », ouvrage au format carré dont la mise en page très dynamique, variant les tailles et les couleurs de police, stimule l’œil aussi bien que le contenu aiguise l’esprit.
Une sorte de plaidoyer pour le droit à la persistance du rêve et du désir.
Néanmoins, ce livre est destiné avant tout à être écouté. Les versions sonores des seize textes qu’il contient peuvent se découvrir via un QR code imprimé sur la page de titre. En écho direct à Transparaître, recueil poétique paru en 2019 dans lequel, partant de sa propre expérience, elle ausculte les injonctions faites aux (corps des) femmes tout au long de leur vie, Séverine Daucourt se confronte ici plus précisément à ce que vieillir veut dire pour une femme – et aussi un peu, par contrecoup, pour un homme.
Pop buissonnière
« Je n’avais pas vraiment abordé la question du vieillissement dans Transparaître car j’avais terminé l’écriture du livre à un moment où cette question commençait juste à se poser pour moi, explique Séverine Daucourt. Un peu plus tard, je me suis dit qu’il y avait là une matière à creuser. Comme à chaque fois, j’ai cherché à trouver la forme juste, adaptée au projet. Assez vite, j’ai ressenti l’envie d’une incarnation par la voix et d’une mise en musique. »
Après avoir écrit et mis en voix plusieurs textes, l’autrice-interprète a envoyé les fichiers audio à Armelle Pioline et Michel Peteau, deux musicien·nes évoluant dans la sphère du rock indépendant, qu’elle connaissait et appréciait déjà. Durant l’été 2020, entre deux confinements, le trio a enregistré les morceaux qui composent Transparaître (encore).
Pop buissonnière subtile et vivace, la musique fait idéalement corps avec les mots, à la fois crus et doux, d’une saisissante véracité organique. Exempt de toute p(r)ose moralisatrice, continûment porté par une ardente puls(at)ion de vie, l’ensemble constitue, comme le dit joliment Séverine Daucourt, « une sorte de plaidoyer pour le droit à la persistance du rêve et du désir ».