Yael Lerer, femme puissante
La Nupes a investi pour une élection législative partielle cette Israélienne naturalisée française. Elle pourrait représenter à l’Assemblée nationale des principes démocratiques bafoués en France comme en Israël.
dans l’hebdo N° 1751 Acheter ce numéro
À la suite de l’invalidation du scrutin législatif pour « incohérences électorales » dans la circonscription des Français de l’étranger regroupant, au nord et à l’est de la Méditerranée, Italie, Grèce, Malte, Chypre, Turquie et Israël, la Nupes a investi Yael Lerer pour l’élection partielle en cours.
Naturalisée française, elle demeure une Israélienne engagée dans son pays natal contre le régime colonial qui s’est graduellement imposé par l’annexion de terres palestiniennes, la répression militaire et les dénis de droit. En créant voici près de vingt ans une maison d’édition traduisant des ouvrages de l’arabe en hébreu, elle veut prôner justice et égalité pour rompre le cycle de haine et d’incompréhension.
En cofondant Balad, mouvement pour une paix juste, elle maintient le dialogue avec les Palestinien·nes en lutte contre l’occupation. Dès son installation en France, elle découvre et investit l’espace parfois confidentiel, mais bien réel et actif, des luttes pour l’égalité et contre toutes les injustices, violences policières, racismes et leurs cortèges d’exactions et de vexations. Face à ces résistances, Israël et la France se rejoignent dangereusement, comme les mobilisations massives en cours ici et là-bas le démontrent clairement.
Comme Yael Lerer, nombre d’Israélien·nes savent que les abus de pouvoir et le déni de droit ont longtemps réduit les Palestinien·nes à l’exil sur leur terre.
En Israël, le projet d’abolition de toute séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, voulu par un gouvernement désormais qualifié de fasciste ou d’apartheid par des voix qu’on ne peut soupçonner d’antisémitisme, a précipité de vastes foules dans les rues, occupant des infrastructures stratégiques.
Ce pouvoir ne fait qu’étendre les pratiques expérimentées et approfondies dans la plus totale impunité contre les Palestinien·nes, faisant fi de condamnations internationales restées lettre morte. Il soulève une protestation sans précédent qui rejoindra celle des Palestinien·nes, si elle entend être démocratique.
Comme Yael Lerer, nombre d’Israélien·nes savent que ces abus de pouvoir et ce déni de droit ont longtemps réduit les Palestinien·nes à l’exil sur leur terre, citoyens privés de droits élémentaires – conserver un toit ou circuler librement. Cela sans assez susciter l’indignation, voire avec l’approbation de ceux qui ont réélu l’actuel Premier ministre, adepte du chaos.
Depuis 2016 au moins, la France est le théâtre de cette extension du champ de la répression, de là où vivent en majorité des populations racisées vers les centres-villes, au plus près du pouvoir. À ceci près que, si les Israélien·nes sont ménagés lorsqu’ils protestent, les Français ne bénéficient pas de la mansuétude des forces de l’ordre.
Intimidations, humiliations, arrestations, mutilations se sont multipliées et banalisées jusqu’à nourrir une colère qui ne faiblit plus et s’exprime par la désobéissance civile, comme récemment à Sainte-Soline. Ce parallèle est édifiant, il mérite qu’on s’y arrête car il éclaire la candidature de cette Franco-Israélienne éprise de paix et de justice.
Elle pourrait représenter à l’Assemblée nationale des principes démocratiques bafoués en France comme en Israël, et tout autant anéantis en Italie par un pouvoir qui se lave les mains des cadavres d’exilé·es échoués sur ses plages, ou en Grèce avec des exilé·es menacé·es, où la colère gronde contre un État exsangue et impuissant. Quiconque est animé du sens du bien commun reconnaît en Yaël Lerer une députée en puissance.
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