« Avant l’effondrement » : en surchauffe
Le premier long métrage d’Alice Zeniter et Benoît Volnais met en scène la question contemporaine du dérèglement climatique.
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Avant l’effondrement / Alice Zeniter et Benoît Volnais / 1 h 40.
Le premier effondrement visible au début du film est celui de la glace sous le poids d’un ours blanc. Il s’agit d’une vidéo suffisamment forte, nous apprend-on, pour avoir sensibilisé le personnage principal, Tristan (Niels Schneider), au réchauffement climatique. Fin du prologue.
On retrouve Tristan directeur de campagne pour une candidate de gauche (Myriem Akheddiou) aux législatives à Paris, sur la brèche 24 heures sur 24 car l’équipe et les moyens sont réduits. C’est l’été, le temps est caniculaire, les éboueurs sont en grève (tiens, tiens…), quand, un matin, il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif.
Coup de tonnerre pour Tristan, qui, atteint d’une maladie génétique potentiellement mortelle dès l’âge de 40 ans, et donc transmissible à sa descendance, n’a de cesse de chercher à retrouver la jeune femme enceinte parmi les quatre avec lesquelles il a eu une relation les mois précédents. Il n’est pas seul pour réaliser cette enquête d’un genre particulier : il peut s’appuyer sur son amie et colocataire Fanny (Ariane Labed), sa grande confidente, une jeune femme avec qui il partage beaucoup, notamment le même horizon politique.
Deux fils narratifs
Avant l’effondrement développe donc deux fils narratifs, l’un sur le plan collectif – se battre politiquement pour éviter la catastrophe écologique –, l’autre sur le plan intime – où l’effondrement est avant tout psychologique. Se greffent ainsi des histoires amoureuses dans une dystopie aux tenants plus austères, ce qui relève d’un schéma classique au cinéma, dont on estime qu’il réclame des intrigues sentimentales.
Néanmoins, le premier long métrage d’Alice Zeniter et Benoît Volnais a une vraie personnalité qui se manifeste dans sa mise en scène souvent distanciée. Cette théâtralité trouve son point d’orgue lors d’une discussion acharnée entre Fanny et une autre jeune femme, où elles s’opposent sur l’antagonisme suivant : vivre au présent selon ses opinions écolos versus œuvrer pour faire émerger une révolution.
Cette longue et forte séquence témoigne aussi de la limite du film à incarner sa dimension politique. Celle-ci reste de l’ordre des idées. Elle passe avant tout par les mots (les dialogues sont d’ailleurs fort bien écrits, Alice Zeniter n’oublie pas qu’elle est romancière). Sans doute parce qu’elle est davantage inscrite dans le concret, l’histoire personnelle de Tristan prend alors beaucoup plus de place. Elle est aussi la moins intéressante, et sa cohérence avec le propos sur le destin du monde reste hypothétique. Il n’empêche qu’Avant l’effondrement est une proposition originale de cinéma. On aurait tort de passer à côté.