Inflation : le monde parallèle d’Élisabeth Borne

Le 15 avril, Élisabeth Borne, filmée par une caméra de son service de com’ devant le rayon fruits et légumes d’une grande surface, faisait pour les réseaux sociaux un premier bilan du « trimestre anti-inflation ». Un mois après le lancement de cette opération, elle se félicite que les distributeurs aient accédé à la « demande » du gouvernement et défini « une liste de produits sur lesquels ils s’engagent à prendre sur leur marge pour protéger le pouvoir d’achat des Français ». Avant de se glorifier du résultat : « Les prix ont baissé de 5 % (sic). On a pu éviter cette flambée des prix de l’alimentation et des produits d’hygiène. »

La veille, l’Insee avait calculé que les prix à la consommation dans le monde réel ont augmenté de 0,9 % en mars et de 5,7 % sur un an. Plus gênant pour la Première ministre, ce même mois la hausse des prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution est de 1,5 %, après +1,0 % en février. « Comparés à ceux du même mois de l’année précédente, écrit l’Insee, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution accélèrent continûment […] : ils augmentent de 15 % sur un an. »

On cherche l’impact de la « demande » du gouvernement quand l’augmentation mesurée des prix des produits frais sur un mois est de 3,2 % (17,1 % annuel) et celle des autres produits alimentaires de 1,6 % (15,7 % annuel). Trois cents produits choisis par les distributeurs – soit en français courant des promotions – ne font pas une désinflation.