« Les Âmes sœurs » : amour (sans) limite
André Téchiné met en scène un frère amnésique et une sœur qui lui est toute vouée. Une œuvre superbe, signée par un maître.
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Les Âmes sœurs / André Téchiné, 2 h 02.
Un frère amnésique après un accident, une sœur protectrice et toute vouée à lui. Telle est le cœur du nouveau film d’André Téchiné, Les Âmes sœurs. Le film prend son temps pour y arriver, car il raconte aussi une reconstruction.
On voit ainsi, dans les premières secondes, David (Benjamin Voisin), lieutenant des forces françaises engagées au Mali, sauter sur une mine. Puis, sa remise sur pied à l’hôpital, ici rapidement évoquée mais dont la longue épreuve qu’elle représente est pourtant bien traduite grâce à la rigueur du montage. Puis David est rendu à sa sœur, Jeanne (Noémie Merlant), c’est-à-dire à la vie.
Lignes de friction
Ces deux-là sont dans un réapprentissage. Jeanne aide David (souvent malgré lui) à retrouver la mémoire, tandis que le garçon voit surtout en la jeune femme un être désirable. André Téchiné est un grand cinéaste des sentiments mêlés, confus, ainsi que des passions impossibles (deux mots peut-être tautologiques).
Il sait aussi saisir excellemment les lignes de friction entre le social et l’intime. En l’occurrence, David voudrait vivre un amour incestueux avec sa sœur en se refermant sur eux-mêmes, alors que Jeanne, pour se libérer, a besoin du monde extérieur et de ses lois. Les Âmes sœurs est l’œuvre superbe d’un maître.