Quand l’État finance des bouées pour amarrer les pollueurs
En Corse, 521 000 euros du Fonds vert, créé par l’État pour soutenir des projets écologiques, financeront l’installation de deux bouées d’amarrage réservées aux yachts.
Le 3 avril, la Première ministre a présenté les lauréats du Fonds vert, créé l’été dernier pour financer des projets écologiques. Parmi les bénéficiaires de ces 2 milliards d’euros d’aides : l’installation de deux bouées dans le golfe d’Ajaccio, pour permettre aux yachts de plus de 24 mètres de s’amarrer sans jeter l’ancre et préserver les champs d’herbiers sous-marins. Grâce à 521 000 € de fonds publics, les luxueux bateaux pourront s’arrêter dans la zone, qui sera interdite à toute autre activité nautique.
Aberrant ? Pas pour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui défendait – deux jours après cette annonce – un projet de préservation de la biodiversité des eaux corses, au micro de France Info.
De son côté, l’association de protection de l’environnement corse U Levante dénonce depuis plusieurs mois « un processus d’urbanisation et de privatisation de la mer », dans la région la plus pauvre de France métropolitaine. Ils contestent également les vertus écologiques prêtées à ces coffres d’amarrage, lestés par un bloc de béton de plusieurs tonnes posé au fond de la mer.
Difficile de calculer exactement l’empreinte carbone de ces géants des mers, mais une étude des chercheurs américains Richard Wilk et Beatriz Barros montre que les yachts constituent le poste d’émissions de CO2 le plus élevé chez les ultrariches, loin devant les jets privés.
À l’image du suivi des émissions des jets privés, le compte Twitter Yacht CO2 tracker retrace les trajets des milliardaires sur les mers. L’occasion, par exemple, de suivre les polluantes péripéties du Symphony, le mégayacht (plus de 100 mètres de long), du milliardaire Bernard Arnault.
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