Affaire WaffenKraft : Jean-Luc Mélenchon veut se constituer partie civile

Apparaissant parmi les cibles potentielles dans l’affaire Waffenkraft – des projets d’attentats ourdis par un groupe de jeunes néonazis menés par un gendarme révélés par Politis – le fondateur de LFI souhaite se constituer partie civile. Et s’agace de ne pas avoir été prévenu des risques encourus.

Nadia Sweeny  • 11 mai 2023
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Affaire WaffenKraft : Jean-Luc Mélenchon veut se constituer partie civile
Jean-Luc Mélenchon, le 5 février 2023.
© Alain JOCARD / AFP

Suite à nos révélations, ce mercredi 10 mai, concernant le projet terroriste de quatre individus menés par un gendarme et qui visait notamment Jean-Luc Mélenchon, ce dernier a décidé de se constituer partie civile.

Dans cette affaire dite WaffenKraft, le leader de la France insoumise apparaît comme l’une des cibles potentielles des projets d’attentats du groupe, dont quatre des membres comparaîtront devant la cour d’assises de Paris, du 19 au 30 juin. Une première en France pour un dossier lié au terrorisme d’extrême droite.

Sur le même sujet : WaffenKraft : le projet terroriste d’un gendarme néonazi

Selon Evandre A. l’un des accusés, Alexandre G., gendarme au moment des faits, désignait des cibles de plus en plus précises au fil de l’année 2018. Il aurait ainsi évoqué le concert de Médine au Bataclan, transmis les dates des dîners du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ainsi que celles des meetings de Jean-Luc Mélenchon.

Dans l’ordonnance de mise en accusation que Politis a révélée hier, on peut y lire que, d’après l’un des co-accusés, les meetings du fondateur de LFI étaient visés par « un projet assez précis de tir de sniper dissimulé dans un coffre de voiture », sans pouvoir préciser si Jean-Luc Mélenchon était directement visé ou s’il s’agissait de s’attaquer aux personnes participantes.

« Ne pas nous prévenir nous déshumanise »

Compte tenu des éléments des manifestes terroristes écrits par le gendarme, dont nous avons pris connaissance, il semble que le but du gendarme ait été de faire un « maximum de dommages en un minimum de temps », comme il l’écrit lui même : « une attaque réussie, c’est 50 morts ». Des objectifs de tuerie de masse visant une foule, à l’occasion des évènements cités.  

Cela dit, aucune des cibles potentielles n’a été prévenue du danger. « J’aurais bien voulu recevoir un coup de téléphone à l’époque quand même histoire de mettre un gilet par balle » a tweeté le rappeur Médine, suite à nos révélations.

« Je ne comprends pas pourquoi on ne prévient pas les personnes visées : ces fous capables de tuer des gens déshumanisent leurs cibles. Ne pas nous prévenir nous déshumanise aussi. Nous ne sommes pas des objets », s’agace Jean-Luc Mélenchon, que nous avons contacté.

« L’association de malfaiteurs terroristes étant une infraction préventive, qui a notamment pour but d’empêcher le passage à l’acte, il n’y a pas encore vraiment de victimes », nous explique une source judiciaire. Ce qui fait que les cibles ne sont jamais prévenues et l’apprennent le plus souvent par voie de presse.    

Sur le même sujet : « OAS » : Neuf ans ferme

Le leader politique a donc décidé de se constituer partie civile. Une démarche similaire à celle qu’il avait déjà effectuée dans l’affaire dite de l’OAS – dans laquelle neuf personnes ont été condamnées, fin 2021, pour association de malfaiteurs terroristes en lien avec l’extrême droite.

« Depuis, je suis scrupuleusement des règles de sécurité quotidienne que nous avons renforcées », témoigne Jean-Luc Mélenchon. Sa demande de constitution de partie civile avait, à l’époque, été acceptée mais avec une absence de préjudice l’empêchant, de fait, de demander des dommages et intérêts.

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