Brésil : Google et Cie contre la loi anti-fake news

Le retour de Lula fait l’effet d’une bourrasque dans les recoins pestilentiels laissés en héritage par Bolsonaro. Ainsi de la divulgation des « fausses nouvelles » (fake news). Il est établi que l’élection de l’ex-président d’extrême droite, en 2018, doit beaucoup aux insanités divulguées par ses partisans contre son concurrent de gauche, sur WhatsApp, Telegram ou d’autres plateformes numériques.

Les années Bolsonaro, qui n’ont fait qu’amplifier le phénomène, semblent avoir satisfait le commerce des réseaux sociaux, dont la fréquentation place le pays aux premiers rangs mondiaux. Le projet de loi sur les fake news (PL 2630), destiné à encadrer les débordements, a suscité chez eux une levée de boucliers. Il est pourtant de facture classique (signalisation des contenus illégaux, sanctions en cas de refus, etc.).

Les plateformes ont manifesté leur inquiétude quant à l’impact négatif possible sur leur modèle économique, évoquant notamment l’arrêt de services gratuits. Google s’est même permis de publier une prise de position anti-PL 2630 sur sa page d’accueil, et des utilisateurs ont suspecté une réorientation des résultats du moteur de recherche vers les pages critiques.

La justice a réagi avec force, promettant 200 000 dollars d’amende pour chaque heure où l’adresse resterait en ligne – elle a été retirée depuis. Cependant, le président de l’Assemblée nationale a préféré différer le vote sur la loi, tant l’opposition politique, orchestrée par les pro-Bolsonaro, semble avoir rallié de partisans.