Italie : un 1er Mai de casse sociale
Le gouvernement italien, présidé par Giorgia Meloni, la cheffe du parti postfasciste Fratelli d’Italia, a choisi son jour pour annoncer des mesures contre les pauvres et favoriser la précarité.
Pour son premier 1er Mai à la tête du gouvernement italien, Giorgia Meloni a eu une façon bien à elle d’« honorer les travailleurs ». Son conseil des ministres, inhabituellement réuni ce jour-là, a en effet décidé de supprimer des aides pour les plus pauvres, de conditionner l’équivalent de notre RSA à une activité, et favoriser les contrats précaires.
La mesure la plus spectaculaire est la fin annoncée du « revenu de citoyenneté », introduit en 2019 par le gouvernement Cinq étoiles. D’un montant moyen de 550 euros, il pouvait être demandé par toute personne vivant de revenus modestes, justifiant de 10 ans de résidence en Italie. 1,6 million de foyers, soit près de 4 millions de personnes en ont bénéficié en 2022, principalement dans le sud du pays. Et ce dispositif a permis de sortir un million de personnes de la pauvreté, selon l’institut italien de la statistique.
Mais régulièrement critiqué par la droite, les milieux économiques et le patronat pour son coût (8 milliards d’euros en 2022), il sera donc remplacé au 1er janvier 2024 par un « chèque inclusion » aux effets bien plus limités pour un coût estimé de 5,4 milliards : réservé aux familles ayant à leur charge des enfants, des personnes de plus de 60 ans ou handicapés, il sera plafonné à 500 euros par mois, avec des aides supplémentaires pour les foyers non-propriétaires, et d’une durée limitée à 18 mois renouvelable un an après un délai de carence d’un mois.
Des gages au patronat
Cette réforme, a justifié Giorgia Meloni, va « faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas ».
La seconde mesure décidée par ce même conseil des ministres est présentée comme un « instrument d’accès à l’activité » : à partir de septembre, les personnes jugées aptes à l’emploi seront contraintes de participer à des formations ou des projets considérés comme « utiles à la collectivité » moyennant une indemnité mensuelle maximale de 350 euros pendant un an. C’est le projet de Macron-Dussopt, en pire.
Une troisième mesure permet aux employeurs de renouveler deux fois les contrats à durée déterminée sans obligation de les pérenniser au terme des 36 mois d’activité.
La quatrième exonère de cotisations patronales pendant un an les entreprises qui recruteraient des bénéficiaires du nouveau « chèque inclusion ». De quoi ravir le patronat italien et les milieux économiques auxquels Giorgia Meloni ne cesse de donner des gages. Et avec elle, les ministres de son gouvernement, dont ceux de la Lega, allié du Rassemblement national, comme Matteo Salvini, dont Marine Le Pen se dit « plus proche que de Meloni ».
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