« Seule la gauche a soutenu le maire de Saint-Brevin »
Hélène, membre du collectif antifasciste du Pays de Retz, à l’origine de nombreuses actions à Saint-Brevin, revient sur les critiques formulées par son maire démissionnaire Yannick Morez à l’encontre de la gauche.
En soutien au maire démissionnaire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, cible de groupuscules d’extrême-droite, les partis de gauche s’étaient donné rendez-vous dans la petite ville de Loire-Atlantique, dans la soirée du 24 mai. Un rassemblement politique qui n’a pas plu au principal intéressé. Hélène, membre du collectif antifasciste du Pays de Retz, à l’origine de nombreuses actions à Saint-Brévin, analyse la situation.
Soutenez-vous le rassemblement d’hier soir et pensez vous que les partis de gauche font de la récupération politique, comme l’avance Yannick Morez ?
Nous soutenons la gauche quand elle lutte contre l’extrême droite. Ce n’est pas de la récupération politique car elle lutte contre le fascisme depuis longtemps ! Ça fait partie de son socle. Néanmoins, en tant que collectif anarchiste, nous avons été un peu gênés de voir uniquement des politiciens en tête de cortège mettre l’accent sur le maire, alors que ce ne sont pas les élus les plus touchés par le fascisme mais les personnes exilées, les minorités, les militants. En bref, nous pensons que la gauche n’a pas fait ce qu’il fallait institutionnellement pour protéger la ville des menaces d’extrême droite. Le dossier de Saint-Brevin est un échec collectif de la gauche.
Que reprochez-vous aux partis de gauche exactement ?
Depuis février, il y a de nombreuses manifestations fascistes à Saint-Brevin pour s’opposer au projet d’accueil. À chacune d’entre elles, la gauche institutionnelle a appelé à se mobiliser le matin, pour ne pas les confronter. Elle s’est totalement désolidarisée des mobilisations antifascistes de l’après-midi qui ont eu lieu en riposte aux manifestations d’extrême droite. On ne comprend pas cette décision. Leurs arguments étaient de dire que nous étions violents, mais pas du tout. L’antifascisme, c’est avant tout occuper l’espace, montrer des initiatives de solidarité, comme on a essayé de le faire avec des cantines, des distributions de vêtements. Mais la réalité, c’est que la gauche est la seule à s’être emparée du sujet un minimum.
Suite aux nombreuses actions que vous avez menées localement, comment recevez-vous la réaction du maire de Saint-Brevin ?
Nous n’attendons pas grand chose du maire de Saint-Brevin. On le soutient en tant que victime du fascisme. Mais nous savons qu’il est issu du courant divers droite, un ancien de LREM dont il fait le jeu. Dans son audition au Sénat, il a fait des comparaisons abjectes entre ultragauche et ultradroite en attaquant les antifascistes. On trouve ses propos sur la gauche absolument épouvantables, c’est la seule à l’avoir soutenu. L’État, la police, le préfet le sous-préfet et toute la droite n’ont pas du tout manifesté de solidarité envers lui. Ce qu’on en retire, c’est un très fort sentiment d’injustice.
Les propos du maire de Saint-Brevin ne seraient-ils pas le symptôme d’un laxisme d’État plus général envers les mouvements fascistes ?
On voit que l’État ne lutte pas contre le fascisme. Il le protège à travers sa police. Nous en avons payé le prix fort lors de nos mobilisations à Saint-Brevin en février et avril en riposte à l’extrême droite. La police a escorté le cortège des néo-nazis et protégé toutes les mobilisations fascistes et nous a gazés alors que nous essayions d’occuper l’espace. Alors, les mots de Yannick Morez nous touchent beaucoup. Il blâme davantage les antifascistes, dont les actions auraient poussé les fascistes à incendier sa maison.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don