Des Soulèvements au sursaut républicain

Interdictions de manifester, arrestations abusives, violences policières, dissolution d’associations, détention de militants : notre démocratie glisse vers l’illibéralisme. Le sursaut doit être général.

Pierre Jacquemain  • 23 juin 2023
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Des Soulèvements au sursaut républicain
Défilé du 1er Mai à Paris, en 2023.
© Lily Chavance

L’heure est grave. Les mots ont un sens. Et l’heure est grave. Interdictions de manifester, arrestations abusives, violences policières, dissolution d’associations, privations de liberté, intimidations, détention de militants politiques et associatifs. Les faits sont nombreux, tant documentés. Et la semaine qui s’achève, avec la décision du Conseil des ministres de dissoudre Les Soulèvements de la Terre et celle, par le tribunal administratif, de retirer l’agrément « anticorruption » de l’association Anticor, font peser une lourde menace sur notre démocratie et nos droits les plus élémentaires. Les mots ont un sens, disais-je et notre démocratie s’enfonce dans l’illibéralisme. Quand un gouvernement ne s’encombre plus des fondamentaux de notre Constitution – droit de manifester, indépendance de la justice, droit pour les parlementaires de déposer des amendements, respect des libertés et protections de chacun – l’on peut légitimement interroger le devenir de notre République. Il serait aisé de considérer que ces mots emplis de sens, n’appartiendraient qu’à quelques ultras venus de la gauche et ne seraient partagés que par quelques « écoterroristes », islamo-gauchisés. Ce serait faire peu de cas des nombreuses alertes venues de l’ONU, du Conseil de l’Europe, de la Défenseure des droits – sans parler des ONG – et qui expriment, tous, leurs inquiétudes et indignations face à un pouvoir qui réprime et criminalise toujours plus les contestations sociales et écologiques.

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Un pouvoir qui s’est trouvé un ennemi pour mieux dissimuler son inaction devant les dérèglements du monde, qu’il s’agisse du climat ou des inégalités. Parce que les défenseurs des droits, les militants de la cause écologique, ceux de la justice sociale, seraient désormais la principale menace qui pèse, en France. Ils sont leur cible. Peu importent les tempêtes et les canicules. Peu importent la sécheresse et la pénurie d’eau. Coupez votre eau en été et ne vous chauffez pas en hiver. Pourvu que Macron puisse se rendre au Bourget depuis Paris, en hélicoptère. Peu importent les sans-abri, les sans travail, les sans-papiers ; peu importent ceux qui ne sont rien, pourvu qu’ils aient tout : 70 milliards d’euros de dividendes, cette année. Un record ! Et ce gouvernement voudrait qu’on se taise ? Qu’on acquiesce ? Dans les périodes de crise, il est de circonstance de trouver les boucs émissaires. L’étranger en prend pour son grade. On l’abandonne à la noyade en Méditerranée. Terriblement banal. Comme pour mieux dissuader les candidats à l’exil de franchir le pas. Nous autres pays du Nord avons décidé de laisser crever l’autre moitié de l’Humanité, pays du Sud. Macron, en notre nom. Et nous devrions nous bâillonner ? Laisser faire ? L’autre bouc émissaire : le pauvre. Celui qui ne fait pas assez d’effort pour aller travailler. Pour être milliardaire, puisque chacun en rêve. Quelle meilleure cible alors, pour le gouvernement, que celle de s’en prendre aux militants des droits humains, ceux de l’écologie, de la justice et de l’égalité ? Sur toutes ces questions, on peut avoir des désaccords, à gauche, à droite, au centre.

Sur ce qui se joue en ce moment, c’est l’ensemble des forces politiques de gauche comme de droite qui doivent s’élever.

Mais sur ce qu’il se joue en ce moment, sur les privations de libertés, sur la manière dont on empêche, interdit, dissuade, réprime, joue de nos Institutions, détourne la Constitution, c’est l’ensemble des forces politiques de gauche comme de droite qui doivent s’élever. Unanimes ! Faire déferler les citoyennes et les citoyens par millions dans les rues de France tant les atteintes sont préoccupantes et graves. Élus, syndicalistes, acteurs économiques, patrons, intellectuels, artistes, de gauche, de droite, du centre, d’en haut, d’en bas. Le sursaut doit être général. Avant de devenir des héroïnes et des héros, les militantes féministes et écologistes, de la lutte pour le droit à l’avortement jusqu’au fauchage d’OGM, ont été jugés pour leur activisme. Des hors-la-loi ! Souvent condamné.es. Jusqu’à faire de la prison pour certaines et certains d’entre eux. Aujourd’hui, on les honore. On leur doit tant. Leur tort ? Avoir eu raison avant tout le monde. C’est le cas des Soulèvements de la Terre et de bien d’autres engagés et déterminés à préserver la biodiversité, essentielle à la survie humaine. Suivons leurs pas. Soulevons-nous ! Soulevons-les ! Soyons hors-la-loi, notre sursaut républicain !

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Parti pris

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