Bolloré contre Le JDD

« Je suis honoré de succéder à Jérôme Béglé car c’est un immense honneur dans une carrière de journaliste de pouvoir travailler au service d’un titre aussi prestigieux que Le JDD. Je le mesure pleinement et souhaite mettre toute mon énergie à la réussite de ce défi. » Ainsi s’est exprimé le journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune, dès après la parution du communiqué du groupe Lagardère – désormais sous contrôle de Bolloré – annonçant sa nomination à la direction de la rédaction du JDD. Avant même le communiqué, la rédaction du journal s’était mise en grève, estimant que Lejeune « exprime des idées à l’opposé des valeurs que porte Le JDD depuis 75 ans ». Une grève qui, à l’heure de boucler Politis, était reconduite jusqu’au mercredi 28 juin, menaçant d’une deuxième semaine sans parution.

Dans un communiqué, plus d’une trentaine de sociétés de journalistes et de rédacteurs de la presse nationale ont apporté leur soutien, ainsi que huit anciens directeurs de la rédaction du JDD. Tous dénoncent un « passage en force » et demandent aux propriétaires du journal « de renoncer à cette nomination ». Derrière cette mobilisation massive, c’est bien l’ingérence éditoriale de Vincent Bolloré à des fins politiques – comme ce fut le cas à CNews, Europe 1 ou encore Paris Match – qui suscite l’indignation. Face à ces attaques sur l’indépendance et la liberté de la presse et alors que la ministre de la Culture a tweeté son impuissance (« En droit, Le JDD peut devenir ce qu’il veut tant qu’il respecte la loi »), Politis exprime son plein soutien aux équipes du JDD.