Les Soulèvements de la Terre, proches de la dissolution ?
Sous la pression d’Emmanuel Macron, la possibilité d’une dissolution du mouvement écologiste se précise. Elle pourrait intervenir mercredi 21 juin, à l’issue du Conseil des ministres.
Mercredi 14 juin, Emmanuel Macron a demandé en Conseil des ministres l’accélération du processus de dissolution des Soulèvements de la Terre. La Première ministre, qui semblait jusqu’à présent lui tenir tête sur ce dossier, s’apprêterait à céder. Selon un communiqué du mouvement, Élisabeth Borne aurait mis la menace à exécution le lendemain, en annonçant la publication d’un décret de dissolution, présenté au prochain Conseil des ministres le 21 juin.
Pour constituer le dossier de dissolution, le gouvernement doit falsifier la réalité.
Une notification de dissolution a été envoyée aux Soulèvements de la Terre dans la foulée, avec – précise le communiqué – « un délai de trois jours en plein week-end, qui ne laisse pas de place au contradictoire, pour présenter nos observations ». Pour le mouvement, le week-end sera d’ailleurs chargé, avec une mobilisation en Maurienne, dans la vallée intra-alpine, contre le projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin.
Une méthode contreproductive
Cela fait plusieurs mois, depuis la manifestation du 25 mars contre le projet de mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), que la menace d’une dissolution plane sur le mouvement. Mais jusqu’à présent, elle s’est avérée plutôt contreproductive : dans une tribune, plus de 100 000 personnes ont revendiqué leur adhésion aux Soulèvements, et 170 comités locaux ont été créés dans toute la France.
« Cette lame de fond pour la défense des terres et de l’environnement n’a fait que tourner le gouvernement en ridicule. Si la dissolution est remise au goût du jour aujourd’hui, c’est sous la pression des lobbys les plus toxiques, de l’agro-industrie à la bétonisation », affirme Benoît Feuillu, porte-parole des Soulèvements de la Terre. Les dernières mobilisations du mouvement ont en effet suscité la colère des industriels. Le 11 juin près de Nantes, 1 500 manifestants ont protesté contre l’agrandissement de carrières de sable, notamment exploitées par le géant du béton Lafarge. L’action visait également l’industrie maraîchère, autre grande consommatrice de sable.
Si la dissolution est confirmée en Conseil des ministres mercredi 21 juin, les Soulèvements de la Terre appellent à des mobilisations le soir même dans toute la France. Benoît Feuillu annonce par ailleurs que le mouvement attaquera cette décision devant le Conseil d’État : « Pour constituer le dossier de dissolution, le gouvernement doit falsifier la réalité en nous présentant comme un petit groupuscule avec des dirigeants. Mais nous le martelons depuis plusieurs mois maintenant : on ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte. »
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