Qu’arrive-t-il à notre école publique ?
Dans son hors-série estival, Politis dresse un constat sans appel : l’école publique est devenue, par choix politiques successifs, maltraitante pour les enfants les plus fragiles, les enseignants, et même pour les parents. Mais ce numéro spécial ne se contente pas de ce diagnostic peu réjouissant : il vise aussi à montrer que d’autres choix sont possibles.
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Cet article est issu de notre nouveau hors-série : « Dessine-moi l’école publique ». Un numéro exceptionnel de 52 pages, à découvrir en kiosque et sur notre boutique en ligne !
Tout le monde s’accorde à dire que l’école est un sujet politique majeur, et cependant bien peu l’abordent comme tel. On se contente souvent d’incantations creuses rappelant l’importance de l’« école de la République » ou de l’« égalité des chances », comme si tout cela ne relevait pas de choix politiques concrets. Pourtant, les études abondent : l’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE, incapable ou presque de permettre aux enfants des milieux populaires, à ceux qui ont le plus besoin d’école, d’accéder aux études longues et prestigieuses s’ils le souhaitent. L’école française assigne à résidence sociale. Elle trie, ventile les élèves au gré des demandes du marché, comme en témoigne la récente réforme du lycée professionnel. Elle dessine des trajectoires sociales non choisies, bloque des rêves d’enfants, interdit le droit à l’erreur de parcours.
C’est un choix politique d’accueillir certains enfants et adolescents dans des murs délabrés, des établissements bouillants en été, glacials en hiver, parfois même de les entasser dans des préfabriqués. La plupart du temps, bien sûr, dans les quartiers populaires. Un choix politique, toujours, de financer une école privée non astreinte à la mixité sociale, ou encore de dépenser beaucoup plus d’argent pour les classes préparatoires que pour l’éducation prioritaire. Un choix politique, enfin, de privilégier les partenariats avec la police ou l’armée à l’âge où l’on préférerait voir les élèves manier des crayons plutôt que des armes. Dit autrement, l’école publique est aujourd’hui maltraitante. Elle l’est pour les enfants les plus fragiles, les enseignants, et même pour les parents.
L’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE.
Mais ce hors-série ne se contente pas de ce diagnostic peu réjouissant. Il vise aussi à montrer que d’autres choix sont possibles. Il donne à voir des expériences de résistance à l’intérieur d’une institution malade. Peut-on enseigner autrement ? Manger autrement dans les cantines scolaires ? Peut-on bien vivre, bien travailler dans l’école publique ? Oui, répondent tous les contributeurs et toutes les contributrices, à condition de changer de boussole et de donner la priorité aux enfants les plus fragiles ; à condition de revoir les pratiques pédagogiques afin de supprimer toute forme de concurrence, de classement, de quête de rentabilité mesurable, chiffrable à merci. En acceptant, aussi, de ne plus confondre l’école publique avec une entreprise dont il faudrait « manager » les équipes pour une « école du futur » toujours plus compétitive.
On trouvera ici des exemples de ce qui existe déjà, dans les marges ; mais également des pistes pour réparer et, pourquoi pas, refonder une école publique digne de ce nom. Une école qui soit mise au service d’un projet de société égalitaire, créatif, enthousiasmant. Qu’y apprendrait-on ? À quoi ressembleraient ses murs ? De quoi rêvent les enfants auxquels nous donnons la parole ici ? Voici quelques ébauches de réponses qui font du bien.
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