Qu’arrive-t-il à notre école publique ?

Dans son hors-série estival, Politis dresse un constat sans appel : l’école publique est devenue, par choix politiques successifs, maltraitante pour les enfants les plus fragiles, les enseignants, et même pour les parents. Mais ce numéro spécial ne se contente pas de ce diagnostic peu réjouissant : il vise aussi à montrer que d’autres choix sont possibles.

Laurence De Cock  • 27 juin 2023
Partager :
Qu’arrive-t-il à notre école publique ?

Cet article est issu de notre nouveau hors-série : « Dessine-moi l’école publique ». Un numéro exceptionnel de 52 pages, à découvrir en kiosque et sur notre boutique en ligne !

Tout le monde s’accorde à dire que l’école est un sujet politique majeur, et cependant bien peu l’abordent comme tel. On se contente souvent d’incantations creuses rappelant l’importance de l’« école de la République » ou de l’« égalité des chances », comme si tout cela ne relevait pas de choix politiques concrets. Pourtant, les études abondent : l’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE, incapable ou presque de permettre aux enfants des milieux populaires, à ceux qui ont le plus besoin d’école, d’accéder aux études longues et prestigieuses s’ils le souhaitent. L’école française assigne à résidence sociale. Elle trie, ventile les élèves au gré des demandes du marché, comme en témoigne la récente réforme du lycée professionnel. Elle dessine des trajectoires sociales non choisies, bloque des rêves d’enfants, interdit le droit à l’erreur de parcours.

C’est un choix politique d’accueillir certains enfants et adolescents dans des murs délabrés, des établissements bouillants en été, glacials en hiver, parfois même de les entasser dans des préfabriqués. La plupart du temps, bien sûr, dans les quartiers populaires. Un choix politique, toujours, de financer une école privée non astreinte à la mixité sociale, ou encore de dépenser beaucoup plus d’argent pour les classes préparatoires que pour l’éducation prioritaire. Un choix politique, enfin, de privilégier les partenariats avec la police ou l’armée à l’âge où l’on préférerait voir les élèves manier des crayons plutôt que des armes. Dit autrement, l’école publique est aujourd’hui maltraitante. Elle l’est pour les enfants les plus fragiles, les enseignants, et même pour les parents.

L’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE.

Mais ce hors-série ne se contente pas de ce diagnostic peu réjouissant. Il vise aussi à montrer que d’autres choix sont possibles. Il donne à voir des expériences de résistance à l’intérieur d’une institution malade. Peut-on enseigner autrement ? Manger autrement dans les cantines scolaires ? Peut-on bien vivre, bien travailler dans l’école publique ? Oui, répondent tous les contributeurs et toutes les contributrices, à condition de changer de boussole et de donner la priorité aux enfants les plus fragiles ; à condition de revoir les pratiques pédagogiques afin de supprimer toute forme de concurrence, de classement, de quête de rentabilité mesurable, chiffrable à merci. En acceptant, aussi, de ne plus confondre l’école publique avec une entreprise dont il faudrait « manager » les équipes pour une « école du futur » toujours plus compétitive.

On trouvera ici des exemples de ce qui existe déjà, dans les marges ; mais également des pistes pour réparer et, pourquoi pas, refonder une école publique digne de ce nom. Une école qui soit mise au service d’un projet de société égalitaire, créatif, enthousiasmant. Qu’y apprendrait-on ? À quoi ressembleraient ses murs ? De quoi rêvent les enfants auxquels nous donnons la parole ici ? Voici quelques ébauches de réponses qui font du bien.

Recevez Politis chez vous chaque semaine !
Abonnez-vous
Éducation
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Au boulot les jeunes !
Éducation 9 décembre 2024 abonné·es

Au boulot les jeunes !

Dans leur film Au boulot !, Gilles Perret et François Ruffin filment les gueules cassées du monde du travail. Parmi eux, deux jeunes de Grigny, Mohammed et Iliès, symboliques du tri social opéré par l’Éducation nationale, de Parcoursup aux groupes de niveaux.
Par Laurence De Cock
Grève des agents périscolaires à Paris : « Nous sommes des essentiels invisibles »
Éducation 22 novembre 2024 abonné·es

Grève des agents périscolaires à Paris : « Nous sommes des essentiels invisibles »

En grève depuis mardi 19 novembre, le secteur périscolaire parisien a décidé de reconduire le mouvement ce jeudi 21 novembre. L’intersyndicale demande des évolutions statutaires mais aussi une amélioration globale des conditions de travail pour des métiers de l’animation, trop souvent précarisés.
Par Élise Leclercq
Mineurs étrangers isolés sans école : « Une discrimination raciale »
Reportage 21 septembre 2024 abonné·es

Mineurs étrangers isolés sans école : « Une discrimination raciale »

Une dizaine de mineurs étrangers non-accompagnés du collectif des jeunes du parc de Belleville ne sont toujours pas scolarisés, malgré leurs demandes incessantes. Ils se sont mobilisés mardi 17 septembre devant le rectorat de Paris.
Par Thomas Lefèvre
Éducation : la mobilisation reprend pour un plan d’urgence en Seine-Saint-Denis
Éducation 10 septembre 2024 abonné·es

Éducation : la mobilisation reprend pour un plan d’urgence en Seine-Saint-Denis

Plusieurs centaines de professeurs ont manifesté, ce mardi 10 septembre, à Paris, pour protester contre le « choc des savoirs » voulu par Gabriel Attal. Le corps enseignant de Seine-Saint-Denis en a également profité pour tirer de nouveau la sonnette d’alarme sur la situation critique dans leur département.
Par Thomas Lefèvre