Rendre visibles les LGBTQIA+ là où le climat local nous est hostile !

L’Eure compte quatre député·es issu·es des rangs du RN. Les organisations LGBTQIA+ locales organisent leur première Pride le 10 juin à Vernon, commune du département de 25 000 habitants.

Collectif  • 6 juin 2023
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Rendre visibles les LGBTQIA+ là où le climat local nous est hostile !
© Janosch Lino / Unsplash.

Par le Collectif Nous Toutes 27.


La Pride (Gay Pride, ou Marche des fiertés) est née aux États-Unis, à la suite des émeutes de Stonewall en 1969. Ces émeutes se sont déclenchées en réponse à des violences policières perpétrées dans l’un des bars gays de New York dans la nuit du 27 au 28 juin. Cinq jours d’affrontements dans Greenwich Village ont montré la détermination de la communauté et permis la naissance du mouvement GLF (Gay Liberation Front). La première Pride voit le jour en 1970, un an après ces émeutes, au mois de juin, date anniversaire de Stonewall, qui a fait consensus parmi les nombreuses associations de New York participant à l’organisation de cet événement.

Le comité The Christopher Street Liberation Day a été créé à l’occasion pour coordonner tout le monde. En 1971, un an après New York, la communauté homosexuelle en France décide de participer au défilé du 1er Mai, contre l’avis des syndicats. Il faudra encore attendre sept ans pour que la première manifestation homosexuelle indépendante arrive officiellement à Paris, le 25 juin 1977. Il faut attendre presque vingt ans pour que des Prides commencent à être organisées dans les grandes villes hors de la région parisienne : à Rennes et à Marseille en 1994, suivies par d’autres au fil du temps. Pour Vernon, la première Pride aura lieu cette année, le 10 juin 2023 !

Pour nous, la Pride est une journée festive et revendicative. Festive, car c’est un moment pour se retrouver, se soutenir, se montrer et fêter la diversité. Revendicative, pour s’organiser, résister, lutter pour nos droits et ceux de nos adelphes. Et de mémoire de militant·e, ni le département de l’Eure ni la ville de Vernon n’avaient accueilli jusque-là de Pride ou de Marche des fiertés. Pourtant, à partir du 10 juin prochain, cette réalité sera derrière nous. Une poignée de militant·es s’organisent afin d’offrir de la visibilité à la communauté LGBTQIA+ euroise, dans un département gangrené par le Rassemblement national, où, lors des dernières législatives, quatre député·es issus de ce parti ont été élu·es sur cinq circonscriptions. Cette première Pride sera l’occasion pour nous de faire émerger nos couleurs et nos revendications dans l’espace public, mais aussi de nous organiser face à un climat local qui nous a souvent été hostile.

Il nous paraît essentiel de ne pas nous laisser écraser par des traditionalistes rétrogrades.

La ville de Vernon a été choisie par notre collectif pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que de nombreuses personnes LGBTQIA+ sont présentes dans le département et qu’aujourd’hui les espaces pour se retrouver sont presque inexistants. Nous souhaitons, grâce à cette journée revendicative, pouvoir rencontrer les forces vives de la communauté et construire ensemble ces temps et lieux de rencontre, pour ne plus être invisibilisé·es. Mais également parce que la ville de Vernon abrite une forte communauté conservatrice, et que nous n’acceptons pas qu’elle prenne tout l’espace de parole. Nous avions déjà répondu à l’un des événements organisés dans la ville, au sein même de la maison des associations, par une association ouvertement transphobe et anti-IVG, en organisant notre propre événement autour du droit à l’IVG et à disposer de son corps, en février dernier. Il nous paraît essentiel, et même vital, de pouvoir nous montrer, de ne pas nous laisser écraser par des traditionalistes rétrogrades et de ne plus être victimes de discriminations dans l’espace public.

Cette journée est historique. Elle fera date pour le département de l’Eure. Elle est essentielle pour nos adelphes ! Nous espérons qu’elle permettra à la communauté LGBTQIA+ de se retrouver et de commencer à s’organiser sur le territoire. Nous avons besoin d’espaces, que ce soit de parole ou qu’il s’agisse de lieux pour pouvoir nous retrouver, de manière safe et bienveillante. Aujourd’hui, le département dans lequel nous nous trouvons n’a pas encore pu construire ces espaces. Nous souhaitons pouvoir offrir à la communauté ce lieu et ce moment de retrouvailles le 10 juin. Des moments d’échanges et de partage hauts en couleurs qui nous offriront une journée mémorable et pleine de promesses !

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Publié dans
Carte blanche

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Temps de lecture : 4 minutes
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