Écoles buissonnières : les pédagogies dites alternatives
Zoom sur quatre méthodes d’enseignement particulières : l’Éducation nouvelle, la pédagogie Freinet, la pédagogie Montessori et les pédagogies critiques.
Cet article est issu de notre nouveau hors-série : « Dessine-moi l’école publique ». Un numéro exceptionnel de 52 pages, à découvrir en kiosque et sur notre boutique en ligne
L’Éducation nouvelle
L’Éducation nouvelle désigne la galaxie de pédagogues qui, à l’aube du XXe siècle, se réunissent au sein d’une ligue pour réfléchir à d’autres méthodes pédagogiques. Cette ligue regroupe des pédagogues très différents : Maria Montessori, Adolphe Ferrière, Ovide Decroly, Célestin Freinet, Roger Cousinet, Paul Langevin, etc. Si beaucoup se divisent sur des enjeux politiques et stratégiques, toutes et tous se retrouvent sur l’idée que les pédagogies doivent être « actives », c’est-à-dire impliquer les enfants dans la construction de leurs savoirs.
L’Éducation nouvelle. Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps, Michel Baraër, Michel Neumayer, Sophie Reboul et Étiennette Vellas (dir.), Chronique sociale, 2022.
La pédagogie Freinet
Pédagogie élaborée par Élise et Célestin Freinet, couple d’instituteur·rice du sud de la France dans les années 1920-1930, avec un collectif d’enseignants regroupés au sein d’une coopérative. C’est une pédagogie qui se veut populaire, à destination des enfants les plus démunis. Elle repose sur l’expression libre des enfants par le texte et le dessin (et l’impression des textes avec une imprimerie, au temps des Freinet), le plan de travail individuel, les enquêtes et exposés, la correspondance scolaire, l’entraide et la discussion collective en classe. C’est donc une pédagogie coopérative. Elle met en avant le « tâtonnement expérimental », qui place les enfants en posture de recherche. Elle est représentée aujourd’hui par l’Institut coopératif de l’école moderne (Icem) et pratiquée en majorité dans l’école publique.
La pédagogie Montessori
Maria Montessori est une médecin et pédagogue italienne qui a commencé à exercer à la fin du XIXe siècle auprès d’enfants dits attardés. Son but était de faciliter leurs apprentissages malgré leurs handicaps. Elle conçoit alors une pédagogie basée sur la manipulation d’objets à taille d’enfant, censés favoriser leur autonomie. La pédagogie Montessori est très centrée sur les élèves comme individus, elle respecte le rythme de chacun – qu’elle encourage à l’effort, mais sans brimades. Coûteuse par l’équipement qu’elle requiert, elle est exercée majoritairement dans des écoles privées hors contrat. Organisée en réseau international, elle possède ses propres instituts de formation d’enseignants et repose sur de multiples associations.
Maria Montessori et Célestin Freinet. Voix et voies pour notre école, Bérengère Kolly et Henri Louis Go, ESF, 2020.
Les pédagogies critiques
Les pédagogies critiques s’inspirent du philosophe brésilien Paulo Freire, qui a entrepris d’alphabétiser les paysans illettrés du Sud dans les années 1960. Il a tiré de cette expérience des réflexions sur les notions de conscientisation et d’émancipation. Quand un individu prend conscience de sa place dans un rapport social de domination, le processus d’émancipation, c’est-à-dire d’actions libres et éclairées pour débarrasser le monde des rapports de domination, peut commencer. Ces pédagogies antiracistes, antisexistes, antivalidistes, etc. entendent travailler à un monde plus juste et visent à développer l’esprit critique chez les enfants. Ce sont des pédagogies engagées encore peu pratiquées en France et surtout peu portées par l’institution. Elles sont en revanche beaucoup mobilisées dans le monde de l’éducation populaire.
Les Pédagogies critiques, Laurence de Cock et Irène Pereira (dir.), Agone, 2019.