L’école rêvée par les écoliers

Les enfants d’une classe de CM1-CM2 ont imaginé une école du futur plus proche de leurs aspirations, de la cour de récréation… et de la vie à l’extérieur.

Lily Chavance  et  Zoé Neboit  • 5 juillet 2023 abonné·es
L’école rêvée par les écoliers
Mahfuzah (en haut), à droite Bilel et Halimatou, Moussa (en bas à gauche) sont venus à Politis parler de leurs aspirations et de la vie à l'école.
© Maxime Sirvins

Cet article est issu de notre nouveau hors-série : « Dessine-moi l’école publique ». Un numéro exceptionnel de 52 pages, à découvrir en kiosque et sur notre boutique en ligne !

 

Attablés au cœur de la rédaction de Politis, Mahfuzah, Moussa, Halimatou et Bilel sont venus parler de leur école de rêve. Tous les quatre en CM1-CM2 dans une école du nord de Paris, ils ont fièrement joué les porte-parole de leur classe. Dans cette école où plusieurs professeurs s’inspirent déjà de pédagogies coopératives, leur professeure, Magali, emploie la méthode Freinet. Cette formule alternative est fondée sur la libre expression des enfants et permet d’apprendre des fondamentaux « de gestion collective, d’organisation et de solidarité », nous confie l’enseignante. Les quatorze élèves de cette classe, dont les pupitres sont organisés en îlots où ils pratiquent des activités manuelles et se réunissent en « conseil de coopération », affirment avec enthousiasme leurs valeurs d’entraide, de solidarité et d’autonomie. Pour préparer la venue à Politis de leurs quatre représentants, ils ont imaginé leur « école du futur » pendant plusieurs jours. L’occasion de discuter de leur établissement, de soumettre leurs suggestions et, plus largement, d’aborder la nature de l’école ou les fondamentaux de l’apprentissage. En bons émissaires, à l’aise à l’oral, enjoués et motivés, les quatre enfants nous ont confié que les arguments et contre-­arguments ont fusé dans la classe.


Comment souhaitez-vous apprendre ?


Halimatou : Dans notre classe, certains élèves étaient pour l’apprentissage par cœur. D’autres s’y opposaient, parce qu’on n’aurait pas assez de place pour se rappeler de tout. Moi, j’aimerais continuer d’apprendre les matières de base, tout en ayant des activités manuelles.

Moussa : Aujourd’hui, la méthode me plaît. On travaille en collaboration et en coopération. Grâce à ça, personne ne va plus vite que les autres et on avance tous ensemble. Dans la classe, il y a un ou deux tuteurs par équipe, et ils nous aident quand on en a besoin.

Moussa hors série 77 enfants Politis
Moussa. (Photo : Maxime Sirvins.)

Bilel : Je n’aime pas apprendre par cœur. C’est comme si les maîtres et les maîtresses étaient supérieurs à nous. Pourtant, on est égaux. Avec la méthode Freinet, on apprend plus à notre rythme et on peut partager entre nous dans la classe. Pour mon école du futur, je garderais les matières de base – les maths, le français, les sciences – parce que j’en ai besoin. Cette année, on a le conseil de coopération. C’est un temps de partage, de propositions et de critiques. On règle des conflits quand il y en a, on félicite les réussites. C’est une méthode d’apprentissage que je garderais dans mon école de rêve.


Que voulez-vous apprendre à l’école ?

Moussa : Je voudrais avoir la possibilité de faire d’autres choses que les cours : apprendre la cuisine, par exemple, ça me fait penser à ma mère. Aussi, avant de commencer à travailler, j’aimerais qu’on me présente les différents métiers, qu’on puisse les essayer et faire des simulations, par exemple.

Mahfuzah : En classe, on fait des travaux manuels comme du tricotin. L’art plastique me plaît beaucoup et j’aimerais avoir plus d’activités manuelles, comme du dessin ou du bricolage. C’est important pour moi de pratiquer ces activités et de découvrir autre chose.

Mahfuzah école hors série 77
Mahfuzah. (Photo : Maxime Sirvins.)

Halimatou : Je pense qu’il n’y a pas qu’à l’école qu’on peut apprendre ! Par exemple, aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’école et nous avons découvert le fonctionnement d’un journal. Il faudrait plus de sorties comme celles-ci. C’est valable aussi pour le sport. On en fait uniquement dans la cour et sous le préau. J’aimerais qu’on fasse plus de sport dans d’autres lieux.


À quoi ressemble votre classe idéale ?

Moussa : Avant, on n’avait pas d’îlots de tables, on était tous alignés et ça ne me convenait pas. On ne pouvait pas travailler en groupe. Aujourd’hui, avec cette disposition, on peut s’aider et parler entre nous.

Halimatou : J’aime bien la disposition de notre salle de cours. Le bureau de la maîtresse est au fond et il y a de la place pour l’espace de coopération. On peut se mettre debout et circuler. Certains camarades voulaient que la classe soit au bord de la cour de récréation pour pouvoir sortir prendre l’air à la fin d’un travail. D’autres étaient contre et ne voulaient pas retarder l’avancée collective du travail.

Bilel enfants hors série 77
Bilel. (Photo : Maxime Sirvins.)

Bilel : Il faudrait qu’on soit mieux installés, sur des fauteuils par exemple. Aussi, aujourd’hui, on n’a qu’une maîtresse. J’aime bien car cela nous permet d’en être proches et de bien la connaître. Mais, dans ma classe de rêve, j’aimerais avoir plusieurs maîtres et maîtresses qui seraient plus spécialisés dans leur domaine. Je voudrais qu’on puisse choisir leurs matières.

Mahfuzah : J’aimerais une grande cour de récréation. Dans les bâtiments, il n’y aurait pas d’escaliers à monter et pas d’étages. Je voudrais une classe plus grande avec plus d’espace pour circuler.


Comment pourrait-on rendre l’école plus juste ?

Halimatou : Beaucoup d’élèves veulent une cantine gratuite pour que tous puissent y aller. D’autres s’y opposent, par peur que les cantiniers et les cantinières ne soient pas payés. Mais moi, je pense que le gouvernement est assez riche pour les payer.

Halimatou hors série 77 enfants Politis
Halimatou. (Photo : Maxime Sirvins.)

Bilel : J’aimerais que la mairie nous donne plus de matériel. Il n’y a qu’un ordinateur dans la classe, il faudrait qu’on puisse chacun en avoir un. J’aimerais aussi qu’on ne paie pas les fournitures, les cahiers et les stylos.

Moussa : J’ai un problème avec les devoirs. En dehors de l’école, j’ai beaucoup d’entraînements de football, donc je n’ai pas beaucoup de temps le soir. Je me lève très tôt le matin pour pouvoir les faire. Je pense qu’on ne devrait avoir des devoirs que pendant les vacances, ou pouvoir prévenir la maîtresse par mail quand on a un imprévu.


Podcast école du futur hors série
Quatre élèves de CM1-CM2 sont venu débattre sur leur école de rêve à la rédaction de Politis.

Et pour ceux et celles qui préfèrent tendre l’oreille, l’école rêvée par les écoliers, c’est aussi un podcast réalisé en partenariat avec Radio Parleur, à écouter sur Politis.fr et Radioparleur.net.

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Temps de lecture : 6 minutes

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