Les sources de pollution plastique sont infinies, mais les solutions aussi !

Emily Penn est une navigatrice anglaise qui s’est donné pour objectif de vie de comprendre l’ampleur de la pollution plastique dans nos océans.

• 19 juillet 2023
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Les sources de pollution plastique sont infinies, mais les solutions aussi !
© Naja Bertolt Jensen / Unsplash

Emily Penn est une navigatrice anglaise qui s’est donné pour objectif de vie de comprendre l’ampleur de la pollution plastique dans nos océans et d’y trouver des solutions. Lors d’expéditions exclusivement féminines, elle mène des missions scientifiques avec ses coéquipières, de tous horizons, au cœur d’un problème qui les touchent jusque dans leur chair.


L’une des choses que j’aime le plus en mer, c’est qu’il faut constamment réagir aux variations de notre environnement. Si le vent se lève ou si les vagues changent de direction, vous devez ajuster vos voiles et modifier le cap : votre vie dépend de votre réaction. Cela a façonné ma vision de la vie et m’a menée à une carrière inédite. Mon métier ? Mener des expéditions à la voile sur un navire de recherche de près de 22 mètres, avec pour mission de comprendre le véritable problème de la pollution plastique dans nos océans et de trouver une solution. En 2010, j’ai pris la mer à la recherche de ce que l’on appelle des « gyres », ou continents de plastique. Mais nous avons été surpris de constater que le plastique ne flottait pas simplement comme de grands radeaux. Lorsque nous avons placé un filet à mailles fines à la surface de l’eau et l’avons remonté à bord, nous avons vraiment réalisé ce qu’il contenait : des centaines, des milliers, des trillions de microplastiques ! Nous en trouvons dans chaque centimètre cube d’océan, jusqu’au fond de la mer.

Cela soulève toute une série de questions. Si le plastique pénètre dans la chaîne alimentaire, est-ce que des produits chimiques toxiques pénètrent en nous ? Pour le découvrir, j’ai décidé de faire analyser mon sang. Nous avons choisi d’étudier 35 de ces produits chimiques qui sont interdits par les Nations unies à cause de leur toxicité pour l’homme : 29 d’entre eux étaient présents dans mes prélèvements. J’ai été horrifiée. Certains d’entre eux sont cancérigènes et augmentent le risque de développer d’autres maladies mortelles. La plupart sont aussi des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils inhibent les hormones et empêchent les messages chimiques importants de circuler dans notre corps. Cela peut générer des difficultés lors des grossesses, puisque ces substances chimiques peuvent être transmises au bébé dans l’utérus, puis par l’allaitement.

Comme des détectives, nous essayons de relever des indices qui nous mèneront à la source de chacun des plastiques flottants.

Cette prise de conscience des liens entre le plastique, l’océan et nous-mêmes, notamment des effets possibles des polluants sur la santé des femmes, m’a poussée à agir et à fonder eXXpedition en 2014. Cette série de voyages à la voile effectués par des femmes visait à explorer des solutions à la pollution plastique, de l’équateur aux pôles. La conclusion n’est pas très optimiste : il est évident qu’il est pratiquement impossible de nettoyer les microplastiques. Il faut désormais trouver des solutions pour ne pas aggraver le problème. Si, grâce à notre travail scientifique en mer, nous pouvons identifier les plastiques présents dans l’océan et remonter jusqu’à leur origine, nous pouvons aussi déterminer où se trouvent les solutions. La plupart du temps, cette soupe de plastique est tellement fragmentée qu’elle est devenue anonyme et ne ressemble plus à ce qu’elle était auparavant. Comme des détectives, nous essayons de relever des indices qui nous mèneront à la source de chacun des plastiques flottants.

Les sources de pollution plastique sont infinies, mais je crois sincèrement que les solutions pour y remédier aussi ! Pour de nombreuses personnes, cela peut sembler écrasant. Dois-je remplacer mon emballage par du verre ou du papier, ou dois-je revoir complètement la conception de mon produit ? Dois-je installer un filtre sur ma machine à laver, fabriquer des vêtements en bambou ou repenser complètement la façon dont nous vendons les vêtements ? Nous savons que nous avons besoin de toutes ces solutions, mais laquelle mobiliser ? Nous avons donc créé une plateforme en ligne, appelée SHiFT, pour aider les personnes, les entreprises et les décideurs publics de certains pays à naviguer parmi les centaines de moyens de lutte contre la pollution plastique. Pour moi, la clé de ce problème mondial tient en trois points : la diversité des solutions, le travail par-delà les frontières et la volonté de saisir les opportunités et de s’adapter. Nous devons déplacer nos voiles et ajuster notre cap comme si notre vie en dépendait, parce que c’est le cas.


Traduit de l’anglais par Clémentine Mariuzzo.


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Carte blanche

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