Aja Monet, diamant noir
Voix importante de la communauté afro-américaine, la poète Aja Monet publie son splendide premier album musical entre spoken word, spiritual jazz et soul.
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When The Poems Do What They Do / Aja Monet / drink sum wtr / ajamonet.bandcamp.com
Aujourd’hui installée à Los Angeles, après avoir brièvement vécu à Paris, Aja Monet est venue au monde en 1987 à New York. Dans le quartier de Brooklyn, où elle a grandi, elle a pu constater très jeune la discrimination que subit la communauté noire, en particulier de la part de la police, tout en étant traversée par les scansions du hip-hop omniprésent. La poésie, à laquelle elle a commencé à s’adonner dès l’âge de 8 ou 9 ans, lui a permis de trouver une voie/voix pour exprimer son vécu et affirmer ses idéaux (ou ses idées haut). Elle a ensuite poursuivi son apprentissage de l’écriture poétique, croisant tôt Saul Williams, activiste phare de la scène hip-hop et slam new-yorkaise, avec lequel elle a noué des liens artistiques. À 19 ans, elle a remporté le grand prix du concours slam organisé par le Nuyorican Poets Café, à Manhattan. Elle cultive néanmoins une certaine distance vis-à-vis du slam et se considère avant tout comme une poète, autrice de plusieurs livres, notamment The Black Unicorn Sings (2010) et My Mother Was a Freedom Fighter (2017).
Ayant déjà eu quelques expériences en ce domaine, elle livre aujourd’hui sa première réalisation musicale de grande envergure, sous la forme d’un double album dont le titre – When The Poems Do What They Do (Quand les poèmes font ce qu’ils font) – retentit comme un manifeste. D’une ferveur profonde, la voix d’Aja Monet – qui dit ou clame ses textes plus qu’elle ne les chante – se dresse, bien sûr, au premier plan. Interprétée par un sextette mêlant trompette, harpe, contrebasse, piano, flûte, batterie et percussions, la musique n’est toutefois pas reléguée au rang de faire-valoir. Frondeuse et vibrante, elle gravite avec une agilité indocile du spiritual jazz à la soul. À la tête de la formation apparaît Chief Xian aTunde Adjuah, précédemment connu sous le nom de Christian Scott, électron majeur du jazz actuel aux États-Unis, qui coproduit l’album avec Aja Monet.
Oui, riche de treize morceaux, When The Poems Do What They Do en apporte une preuve éblouissante : quand les poèmes font ce qu’ils font, sonnent comme ils sonnent, magnifiés par des parties musicales au diapason, le monde vacille, l’esprit chavire et le cœur tambourine.