Bruno Muel, au plus près des militants
Un hommage est rendu à l’auteur de Week-end à Sochaux et Avec le sang des autres, décédé cette année.
dans l’hebdo N° 1775 Acheter ce numéro
Bruno Muel, un hommage / Du 15 au 17 septembre / Bibliothèque publique d’information, Centre Pompidou, Paris / cinematheque-documentaire.org
Disparu le 13 avril 2023 à l’âge de 87 ans, Bruno Muel a marqué de son empreinte le cinéma des années 1960 et 1970, celui que l’on désigne par l’adjectif « militant ». Notamment parce qu’il était authentiquement collectif dans son élaboration, ouvriers et professionnels de l’image et du son liés, et qu’il ne portait pas la signature du deux ex machina : le réalisateur. Voilà pourquoi le nom de Bruno Muel n’est pas suffisamment connu. L’hommage que lui rend la Cinémathèque du documentaire, avec neuf films projetés, devrait davantage le mettre en lumière.
Chef-opérateur pour Marceline Loridan, Chris Marker ou René Vautier, il a tourné en Algérie en 1962, auprès des Farc en Colombie en 1965, au Chili au moment du coup d’État de Pinochet, en Angola en 1975 et 1977. Il fut aussi très actif en 1968 au sein des groupes Medvedkine, à Besançon puis à Sochaux. Non entravé par les dogmes idéologiques, Bruno Muel a, selon Jean-Pierre Thorn, qui lui aussi a participé à cette aventure, réalisé « deux des films les plus beaux et passionnants de l’après-68 – Week-end à Sochaux (1972) et Avec le sang des autres (1975) – dans lesquels il mêle documents et fictions, avec un toupet et une liberté incroyables […] qui témoignent avec force de cette aspiration à la révolution des jeunes ouvriers d’alors ».