Crise de l’eau à Mayotte : le gouvernement à la ramasse
Pour beaucoup de Mahorais, l’effroyable crise de l’eau était prévisible. C’est bien pour cette raison qu’ils se sont réunis par centaines pour manifester samedi 9 septembre. Confrontés à une sécheresse historique depuis plusieurs mois, les 310 000 habitants subissent de plein fouet le dérèglement climatique. Et l’impréparation politique. Si d’ordinaire la saison sèche s’étend d’avril à octobre, depuis quelques années les pluies, dont dépend surtout l’approvisionnement en eau, se raréfient. Ce phénomène, les autorités le connaissent.
Il a fallu pourtant attendre le 2 septembre pour que le ministre délégué des Outre-mer, Philippe Vigier, vienne sur l’archipel. Résultat de cet attentisme : depuis le 4 septembre, sur décision de la préfecture, l’eau ne coule du robinet qu’un jour sur trois. Une restriction jamais déplorée auparavant. Certains disent même ne plus avoir d’eau du tout depuis des jours. « Ouvrez les vannes, Mayotte a soif et veut des explications », affichaient des pancartes des manifestants.
Dans le département le plus pauvre de France, où une épidémie de gastro-entérite met les hôpitaux sous pression, la population se débrouille pour trouver à droite à gauche un peu d’or bleu. Et elle déplore les prix des packs d’eau qui s’envolent, allant de 3 à… 8 euros. Le manque d’eau ne freine ni la loi du marché ni l’approche policière des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer : « La paix publique se rétablit à Mayotte, grâce aux moyens exceptionnels déployés », se gargarisait Gérald Darmanin, le 11 septembre sur France 2.
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